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Grégoire Duhourcau
Le politologue Jérôme Sainte-Marie est revenu sur la lettre d'Emmanuel Macron invitant les Français à participer au grand débat. "Ce n'est pas exactement un acte d'autorité pour l'instant", a-t-il estimé lundi au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1.
LE TOUR DE LA QUESTION

Le "grand débat national" promis par Emmanuel Macron pour répondre à la crise des "gilets jaunes" est sur le point de s'ouvrir. Le chef de l'État s'est adressé aux Français dans une lettre, les invitant à participer à ce débat. S'il juge cette lettre "bien écrite" et "bien structurée", le politologue Jérôme Sainte-Marie, répondant aux questions de Wendy Bouchard sur Europe 1 lundi, n'est "pas totalement assuré" que l'on y trouve "l'étoffe d'un chef".

"Cette lettre a été écrite sous la contrainte du mouvement social. (...) Ce n’est pas une audace nouvelle du chef de l’État", juge-t-il en estimant que "ce n’est pas exactement un acte d’autorité pour l’instant". La sociologue Isabelle Sommier, spécialiste des mouvements sociaux, ne se dit quant à elle "pas certaine que cette lettre", qu'elle trouve "très, très longue", "puisse apaiser les choses".

"Grand débat" : les questions que pose Emmanuel Macron

Car effectivement, comme l'analyse Jérôme Sainte-Marie, "la lettre est extrêmement claire" et rappelle aux Français "qu’il y a des orientations qui ne changeront pas" : "Le choix est simplement laissé sur les modalités d’application de la politique décidée." "Le cœur de cible, les 24% qui ont voté pour Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle, vont être rassurés. Je ne suis pas sûr que les partisans des 'gilets jaunes' y trouveront autre chose que ce qu’ils craignaient d’y voir", explique-t-il.

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici

"A quoi ça sert de débattre dans ces conditions ?" C'est ce qui fait dire à Isabelle Sommier que "ce débat est mal engagé" : "Il est quand même curieux d’engager un débat tout en disant qu’on ne changera pas de cap. (...) A quoi ça sert de débattre dans ces conditions ?" "On ne peut pas fermer la possibilité que cela fonctionne, que les gens soient très contents", tempère toutefois Jérôme Sainte-Marie.

Il pointe malgré tout le fait que "c'est assez facile" d'ouvrir un débat, "mais c'est plus difficile de le clore". "Vous faites apparaître des aspirations, des demandes que vous ne pouvez pas forcément servir, auxquelles vous ne pouvez pas répondre." "Est-ce que le débat, s’il prend, ne va pas déborder et faire exploser le cadre dans lequel on essaye de l’enserrer ?", s'interroge-t-il.