"Si jamais cette loi finit par échouer, c'est avant tout parce que le président est faible". La sentence est terrible, encore plus quand on sait que cette phrase est prononcée par un ministre en exercice. Quelques mots qui décrivent bien l'ambiance actuelle au sein d'un gouvernement dont les membres craignent l'effet d'entraînement, dans le sillage d'un François Hollande en grande difficulté.
"Une ministre en contrat d'apprentissage". Après l'abandon du Congrès de Versailles sur la déchéance de nationalité, nombre de ministres redoutent que ce renoncement de François Hollande en annonce encore bien d'autres. Ce climat délétère se traduit aussi entre les membres de l'équipe gouvernementale. Un collègue ministre de Myriam El Khomri pointe ainsi son inexpérience : "c'est une ministre en contrat d'apprentissage, elle ne voit jamais les choses venir", assène-t-il.
Un sabotage dénoncé. Le ministère du Travail riposte, dénonçant un sabotage de la loi et n'oublie pas que des fuites du texte ont été orchestrées dans la presse avant sa présentation. Bercy, Matignon ? Le coupable n'est pas désigné. Mais le résultat, dit-on, a conduit à une loi mal née qui divise les députés socialistes, qualifiés par un autre ministre de "grands blessés de guerre" après l'épisode de la déchéance. Une majorité résignée qui voit le texte peu à peu se vider de sa substance. Un texte qui pourrait être le dernier grand projet législatif de ce quinquennat.