Les temps sont durs pour Nicolas Sarkozy. Selon un sondage BVA réalisé vendredi, après une semaine cauchemardesque marquée par la sortie du livre de Patrick Buisson et la diffusion d'un documentaire accablant sur l'affaire Bygmalion, le candidat à la primaire de la droite perd 13 points d'intention de vote chez les sympathisants de son bord politique. Les enquêtes les plus optimistes le relèguent dix points derrière Alain Juppé au second tour du scrutin.
"Il est affaibli". C'est d'autant plus préoccupant pour Nicolas Sarkozy que la dynamique qui devait l'accompagner à la rentrée, après son annonce de candidature, a été moins spectaculaire que prévue. À l'inverse, ses rivaux entendent profiter de la situation. Et se disent que c'est le bon moment pour lui mettre la tête sous l'eau. "Il est affaibli", murmure-t-on chez Bruno Le Maire, estimant qu'il peut s'effondrer. François Fillon, qui espérait un éclatement de la bulle Juppé, opère finalement un virage à 180° en appelant les électeurs de gauche à voter à la primaire de la droite. Son calcul : l'anti-sarkozysme est un levier tellement puissant qu'il peut pousser suffisamment d'électeurs de gauche à voter pour éjecter l'ancien président du second tour de la primaire, et donc de la présidentielle.
Toujours plus à droite. Cependant, rien n'est encore plié pour Nicolas Sarkozy. Certes, l'ancien chef de l'État n'a pas toutes les cartes en main pour redresser la barre. Son possible renvoi en correctionnelle dans l'affaire Bygmalion est une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Lui qui se targue d'être le champion des non-lieu aura du mal à se relever d'une ordonnance de renvoi. En revanche, le candidat à la primaire peut infléchir sa campagne. Depuis la rentrée, il semble tourner en boucle sur les mêmes sujets, des migrants aux fichés S en passant par une polémique sur les Gaulois. Toujours plus à droite, il cavale après des électeurs d'extrême droite qui, pour la plupart, n'iront pas voter le jour de la primaire, leur seule candidate étant Marine Le Pen.
Étoffer son offre politique. Cette stratégie ne fonctionne pas. Le bleu et la matraque de ministre de l'Intérieur ne suffisent pas. Nicolas Sarkozy doit donc offrir autre chose, étoffer son offre en parlant d'emploi, de pouvoir d'achat. Il aura, dimanche, lors de son grand meeting parisien au Zénith, une occasion de le faire. Et certains de ses proches jugent que ce rendez-vous est décisif.