C’est parti. Une semaine après le second tour des législatives et la large victoire d’En Marche!, le groupe majoritaire s’est réuni en séminaire ce week-end. Samedi, c’est Édouard Philippe qui leur a donné le cap. Et c’est une mission délicate qui attend le chef du gouvernement.
Une stratégie de séduction au long cours. En clair, les choses sérieuses commencent pour Édouard Philippe. Première réunion, ce week-end, entre le Premier ministre issu du parti Les Républicains... et les 308 nouveaux députés du mouvement du président, La République en marche!. C’est du jamais vu : un chef de la majorité qui ne connait pas sa majorité. Parce que les entrants, Édouard Philippe ne les connait ni d’Eve ni d’Adam. Tout simplement parce qu’ils sont nouveaux, pour la plupart. Et parce qu’ils ne sont pas du même parti que lui. C’est pourquoi la rencontre de samedi tenait autant du séminaire de motivation que du speed-dating politique.
Est-ce que cela peut marcher pour eux ? Une première rencontre, c’est toujours enivrant. D’autant qu’il y a l’ivresse de la nouveauté pour ces députés qui sont pour la plupart novices et ignorent tout du fonctionnement de l’Assemblée. Édouard Philippe, en plus, a entrepris une stratégie de séduction au long cours. Il en a invité certains à déjeuner à Matignon. Il les a félicités pour leur victoire, les a flattés en saluant, je cite "le nouveau visage de l’Assemblée". Il en a fait des tonnes. "Il n'y a pas de précédent à ce que nous vivons". C’est ce qu’il a expliqué. Ne manquaient que les roses rouges et le champagne. Bref, un sans-faute.
" Si certains veulent nous caporaliser, ce sera sans moi "
Un contre-exemple mis en avant : François Hollande. Le problème, c’est qu’après la passion des premiers jours, les vicissitudes du quotidien reprennent vite le dessus. Et là, la romance peut s’user très vite. Alors, que peut faire Édouard Philippe pour entretenir la flamme ? Il a une stratégie bien à lui. Et comme Emmanuel Macron, il l'a pensée en étudiant de près les erreurs du précédent quinquennat. Rappelez vous : les députés qui ne se sentent pas consultés, les frondeurs, la motion de censure, les 49.3… J'en passe et des meilleures. Et à l’arrivée, le divorce entre le gouvernement et la majorité.
Donc Édouard Philippe a pris François Hollande en contre exemple. Il va faire exactement le contraire. Il a insisté pour que les députés présentent, expliquent dans leurs circonscriptions les réformes du gouvernement, fassent de la pédagogie. Contrairement à l’époque de Hollande. Et puis surtout il a insisté sur la "confiance" qui doit exister entre le gouvernement et la majorité. Contrairement à l’époque Hollande. Et cela semble fonctionner, puisque l'on voit déjà des députés réciter des éléments de langage, du catéchisme macronien.
Certains indisciplinés se distinguent déjà. Cette méthode peut-elle fonctionner ? Difficile à dire. A priori, ces députés doivent tout au président Macron. Alors vous me direz que c’est le cas de tous les députés avec tous les présidents, puisqu’ils ont été élus dans leur sillage. Mais là, c’est encore plus fort. La plupart de ces élus ne faisaient pas de politique, ou du moins par à ce niveau. Et les voilà à l’Assemblée par la seule grâce de l’élection de Macron. Cela devrait les inciter à rester disciplinés.
Mais en même temps, ils sont novices, peu habitués aux règles des partis politiques. Et surtout, ils sont très nombreux. Et une majorité très large, et bien, elle est souvent difficile à tenir. On pourrait imaginer qu’une semaine après le premier tour, ils se tiennent encore à carreau. Et pourtant certains se distinguent déjà. Comme le député des Bouches du Rhône, François-Michel Lambert. "Si certains veulent nous caporaliser, ce sera sans moi" a-t-il expliqué en arrivant samedi au séminaire. Comme quoi un premier rendez vous réussi, une rencontre enivrante, ne prémunit pas forcément contre des lendemains qui déchantent.