L'association anticorruption Anticor va demander mercredi au parquet de Paris l'ouverture d'une enquête pour vérifier "la probité des comptes" de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, selon la plainte.
"Tentative de détournement de fonds publics", selon Anticor. L'association accuse notamment le leader de la France Insoumise et la présidente de l'ex-FN d'avoir "tenté de détourner de l'argent public au moyen de remboursements par l'Etat de frais de campagne qui n'avaient d'autre but que de servir leur intérêt ou l'intérêt de leurs proches", selon la plainte qui doit être déposée dans la journée. Anticor reproche par ailleurs au président "Emmanuel Macron et de manière moins importante à Benoît Hamon d'avoir profité de ristournes, remises, rabais, venant minorer leurs dépenses de campagne", en violation du principe d'égalité entre les candidats que sanctionne le code électoral. Des rabais qui pourraient être constitutifs d'"abus de biens sociaux" pour les prestataires qui les ont accordés, estime Anticor.
Pas de comparaison entre les remises. Concernant la campagne victorieuse de Macron, Anticor pointe notamment les locations de six lieux de meetings accordées avec des rabais de 36 à 75% environ, ainsi que de larges remises pour la location de matériel et une "sous-facturation" du siège de campagne dans le 15ème arrondissement de Paris. Dans un communiqué dimanche où elle accusait la presse de "monter en épingle des pseudo-révélations", La République en Marche avait justifié ces prix. Selon elle, le théâtre Bobino de Paris avait déjà facturé à des associations une location à 3.000 euros au lieu des 13.000 euros. "Les remises éventuellement accordées à des associations ne peuvent être comparées", répond Anticor, y voyant des dons déguisés de personnes morales. S'agissant de Benoît Hamon, Anticor dénonce 310.000 euros de remises suspicieuses pointées par une enquête du magazine L'Obs.
Enfin, l'association demande de vérifier la "responsabilité" des membres de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP). En cause : l'acceptation de frais qui n'auraient pas dû l'être, comme l'a affirmé un rapporteur démissionnaire, et la validation de remises qui constituent, pour Anticor, un financement par des entreprises, ce qui est illégal en France.
"Analyse des pratiques des partis". "L'objectif est de réaliser une analyse systémique des pratiques des partis qui utilisent le financement politique parfois pour des motivations étrangères à la campagne mais aussi de pointer du doigt le mauvais fonctionnement de la CNCCFP. L'ensemble de ces dysfonctionnements affecte la démocratie", a déclaré Jérôme Karsenti, l'avocat d'Anticor. "La justice doit dire clairement si les surfacturations ou les sous-facturations sont légales. Les responsabilités de tous les protagonistes de ces campagnes doivent être établies", a commenté le président de l'association Jean-Christophe Picard.