Le coordonnateur national du renseignement, Laurent Nuñez, estime à "160" le nombre de jihadistes français évoluant pour la plupart "dans le nord-ouest syrien" et assure que les services suivent de "très près" la situation pour prévenir "une attaque projetée". Dans une interview au Figaro, Laurent Nuñez explique que "si l'Etat islamique a subi de lourdes défaites sous l'action de la coalition et des services de renseignement, il se reconstitue dans la clandestinité". "Même affaiblie", poursuit-il, "Daech dispose de structures de propagande et d'opération".
"Des velléités de concevoir des armes chimiques"
"Nous suivons cela de très près dans le but de prévenir une attaque projetée". Il estime qu'il "reste 160 adultes français qui évoluent, pour la plupart dans le nord-ouest syrien". Ils sont répartis, dit-il, "entre l'Etat islamique, les rebelles du HTS (Hayat Tahrir al-Cham, organisation de libération du Levant), la Katiba Diaby et le groupe Tanzim Hurras ad-Din (les gardiens de la religion)". Le coordonnateur du renseignement explique que sur zone (au Sahel, en Syrie et en Irak, ndlr), les services, ont "constaté des velléités de concevoir des armes chimiques, d'utiliser des drones piégés". "Notre inquiétude est que ces expérimentations donnent des idées aux terroristes sur le territoire national". Mais, ajoute-t-il "la capacité d'exporter ce type d'arme est assez limitée et nous y croyons assez peu".
"Ces gens, partis volontairement pour combattre la France, doivent être jugés là où ils ont commis leurs méfaits"
Il relève que l'EI "privilégie le passage à l'acte endogène avec des moyens rudimentaires comme la voiture bélier ou l'arme blanche". Il note "cependant un attrait récent de certains pour la ricine, infiniment plus toxique que le cyanure". Questionné sur l'éventualité d'un retour en France des femmes et des enfants de jihadistes détenus dans des camps à l'étranger, Laurent Nuñez réaffirme qu'il n'y a "pas de changement de doctrine". "Ces gens, qui sont partis volontairement pour combattre la France, doivent être jugés là où ils ont commis leurs méfaits". Il fait valoir que "35 orphelins ou mineurs isolés ont été rapatriés depuis les camps de Rojava jusqu'à présent".
"Au total", rappelle Laurent Nuñez, "une soixantaine de combattants sont détenus par les Kurdes en Syrie pour des faits qu'ils ont commis". "Des revenants", ajoute-t-il, "sont aussi rentrés en France via la Turquie avec leurs enfants après y avoir été interpellés. Tous ont été judiciarisés et les enfants pris en charge par l'aide sociale à l'enfance".