La crise ouverte entre Marine Le Pen et Florian Philippot a semblé trouver son épilogue, jeudi, avec la démission du numéro 2 du Front national. Un départ qui présage d'une clarification... mais pas nécessairement d'un apaisement des tensions. En tout cas, pas dans le Grand Est, où Florian Philippot est élu depuis les régionales de 2015. Le groupe Front national, qui s'appelait d'ailleurs "Les Patriotes-Front national", est en train de se scinder en deux, tous les élus n'étant pas acquis à la cause de l'ancien vice-président frontiste, loin de là.
"Je suis venu pour la dédiabolisation". Parmi les soutiens de Florian Philippot, soit environ un élu régional FN sur cinq, on pense déjà à revoir la décoration des bureaux, pour l'instant recouverts d'affiches de Marine Le Pen. "Elles sont encore là, mais il y aura bientôt des posters de Florian", assurent Eric Vilain et Thomas Laval, qui entrent en dissidence. Eux ne digèrent pas la "remise en cause" de la ligne politique actuelle du parti frontiste. La sortie de Gilbert Collard, qui a "parlé de 'dédiabolisation, piège à cons'", les a fait hurler. "Quand il n'y a pas de rectification derrière, c'est gênant. Moi, je suis venu [au Front national] pour la dédiabolisation justement." Les deux fidèles de Florian Philippot appellent désormais les autres élus d'extrême droite à "suivre leurs convictions" et "parler avec leur cœur".
"C'était dictatorial". Le cœur de Brigitte Stiegler a parlé... et a choisi Marine Le Pen. Pour l'élue, la dissidence n'est pas un problème, bien au contraire. Elle s'en féliciterait presque. "Les rats quittent le navire. L'ambiance était délétère, c'était insupportable", témoigne-t-elle. "Il y avait beaucoup de dissensions avec Florian Philippot. Nous étions muselés, on n'avait pas droit à la parole. Chaque fois qu'on mettait quelque chose sur Facebook, on avait notre garde-chiourme qui réagissait au quart de tour. C'était dictatorial."
L'heure du choix est donc venue. Jeudi, les élus FN ont passé leur journée pendus au téléphone. Pour les jeunes, c'est bien souvent leur premier dilemme politique. Et certains hésitent encore.