Un seul ministre vous manque, et tout pourrait bien paraître dépeuplé. Surtout lorsque ce ministre était le numéro deux dans l'ordre protocolaire, populaire et caution verte de votre gouvernement. Après le départ de Nicolas Hulot, Emmanuel Macron et Edouard Philippe vont devoir s'atteler à son remplacement. Et la tâche s'annonce ardue.
Un profil très particulier… Il est quasiment impossible de remplacer Nicolas Hulot par un profil similaire. L'ex-ministre avait, pour Emmanuel Macron, toutes les qualités. La popularité, d'abord, acquise après de longues années d'émission télévisée et d'engagement politique sans être au-devant de la scène. Aucune autre figure de l'écologie aujourd'hui ne possède la même notoriété, ni la même aura. Nicolas Hulot était également étiqueté plutôt à gauche, ce qui permettait de rééquilibrer un peu l'image d'un gouvernement dont les têtes les plus connues et les voix les plus audibles (Bruno Le Maire, Edouard Philippe) sont de droite.
…pour un ministère qui l'est tout autant. Conséquence logique de ce profil hors norme, le ministère l'était lui aussi. En s'occupant de la Transition écologique, Nicolas Hulot avait dans son giron l'énergie et les transports, avec trois secrétaires d'État dédiés. Toute la question, pour Emmanuel Macron et Edouard Philippe, sera donc de savoir s'ils font un simple remplacement poste pour poste, ou si le remaniement sera plus large. Car il semble compliqué de trouver une personnalité ressemblant suffisamment à celle de Nicolas Hulot pour conserver le même portefeuille. Si l'exécutif opte pour des changements plus profonds, la question de la place accordée à l'écologie se posera de manière d'autant plus accrue.
Des candidats échaudés. Une autre difficulté pourrait bien se poser au gouvernement : le manque de candidature. La démission spectaculaire de Nicolas Hulot a été pour l'ex-présentateur d'Ushuaïa l'occasion de pointer à quel point il s'est senti seul à défendre l'écologie en tant que ministre, et d'exprimer toute sa frustration à ce poste. De quoi échauder les écologistes qui auraient pu être intéressés pour un exercice (toujours délicat) d'entrisme.
L'Elysée temporise. Quoi qu'il en soit, l'Élysée prévient : pas question de se hâter pour remanier. Emmanuel Macron est en déplacement à l'étranger jusqu'à jeudi, et il est hors de question de faire quoi que ce soit à distance. Ce qui ne signifie pas que rien ne soit fait d'ici là. Une réunion a d'ores et déjà été organisée mardi autour du secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, et Edouard Philippe devrait faire des propositions dans les prochaines heures. Le Conseil des ministres a été décalé à vendredi, juste avant un séminaire gouvernemental. Mais il n'est pas impossible que la chaise du numéro deux du gouvernement reste vide ce jour-là.