Le Front national a été mis en examen mercredi pour recel d'abus de biens sociaux et complicité d'escroquerie dans l'enquête sur son financement, a annoncé le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, à sa sortie du bureau du juge. "Nous sommes innocents de toutes les accusations qui sont portées contre nous", a-t-il commenté devant la presse. "Nous n'avons strictement rien à nous reprocher. Il n'y a aucune surprise dans cette mise en examen", a appuyé Florian Philippot, vice-président du FN, sur iTELE.
Un système d'enrichissement frauduleux lors des législatives de 2012 ? Au centre de l'affaire figure Frédéric Chatillon, patron de l'agence de communication Riwal, ancien chef du GUD, le syndicat étudiant d'extrême droite, et ami proche de Marine Le Pen. Les enquêteurs soupçonnent cet homme de 47 ans, qu'ils considèrent comme le gérant de fait de Jeanne, d'avoir mis en place avec d'autres protagonistes un système d'enrichissement frauduleux lors des législatives de 2012. En cause : des kits de campagne (tracts, affiches...) conçus et vendus par Riwal, puis fournis par Jeanne à une grande majorité de candidats frontistes (525 sur 565) qui signaient un contrat de prêt avec le micro-parti.
Et des prêts fictifs ? Selon une source proche du dossier, les juges considèrent que le coût des kits, ouvert au remboursement des frais de campagne par l'Etat pour les candidats faisant plus de 5%, "était très largement surévalué". Ils estiment aussi que ces kits étaient une condition pour obtenir l'investiture du parti. Dans le viseur des juges figurent aussi les prêts de Jeanne aux candidats. Considérés comme fictifs, ils n'auraient eu pour but que d'obtenir le remboursement par l'Etat des intérêts d'emprunt, inclus dans les comptes de campagne. Des remboursements d'intérêts pour 600.000 euros, alors que le préjudice total est évalué à "plusieurs millions d'euros" par une source proche du dossier.
Le FN dénonce "l'acharnement du procureur de la République de Paris". "Nous montrerons devant la chambre de l'instruction qu'il n'y a pas le moindre indice de l'existence de charges qui montrent que le FN a pu se rendre coupable de recel d'abus de biens sociaux et de complicité d'escroquerie", a assuré Wallerand de Saint-Just. "Nous montrerons que le parquet ne pouvait pas redemander une mise en examen pour les mêmes faits mais sous une qualification différente", a-t-il ajouté, dénonçant "l'acharnement du procureur de la République de Paris".