C'est l'une des mesures phares du plan d'aide de l'Etat en faveur de la Seine-Saint-Denis. Le gouvernement, qui dévoile jeudi à Bobigny un plan d'aide pour ce département qui cumule d'importantes difficultés, prévoit une prime de 10.000 euros en faveur des agents du service public (policiers, enseignants...) pour fidéliser les fonctionnaires.
Passer cinq ans dans le département
La mesure, inspiré du rapport d'un député Les Républicains, veut pousser les fonctionnaires à rester en poste plus longtemps dans le département. "Les policiers comme les profs sont souvent trop jeunes", raconte un élu. "Et les juges d'instruction ne restent pas assez longtemps pour bien connaitre leurs dossiers". Autant d'éléments insuffisants pour assurer la continuité du service public. Pour toucher cette prime de fidélisation, l'agent devra donc passer au moins cinq ans en poste en Seine-Saint-Denis. L'argent sera alors versé en une fois, après cette période de service effectif accompli.
"L'annonce de cette prime est une bonne nouvelle" se réjouit Erwan Guermeur, secrétaire départemental SGP Police Seine Saint-Denis. "A condition qu'elle concerne l'ensemble des policiers qui exercent dans le département le plus criminogène de France". Son syndicat réclamait depuis longtemps une prime spécifique pour les policiers du 93. Mais "cela ne suffira pas pour fidéliser les agents sur le territoire", regrette-t-il. L'autre priorité selon lui, ce sont "les conditions de travail". "Il n'est pas rare, en 2019, qu'un commissariat se retrouve sans véhicule disponible, ou que les équipages n'aient pas de radio pour pouvoir transmettre avec leur station directrice."
150 policiers supplémentaires
Le plan, "du sur mesure" selon un conseiller du Premier ministre, prévoit tout de même la rénovation de deux commissariats : Aulnay-sous-Bois et Epinay-sur-Seine. 150 policiers supplémentaires seront également recrutés pour traiter plaintes et procédures.
Mais d'autres secteurs recevront également une aide de l'Etat, notamment celui de la santé. Plusieurs hôpitaux vont être rénovés, et les médecins recevront une aide pour s'installer en Seine-Saint-Denis. Du coté de la lutte contre la pauvreté, le gouvernement doit annoncer le renforcement des contrôles des logements insalubres. Pas de quoi relever tous les défis, reconnait-on à Matignon, mais une façon "de réaffirmer la présence de l'Etat" dans ce département.