Le Parlement européen réclame 320.000 euros à Jean-Marie Le Pen, soupçonné d'avoir employé aux frais de l'UE un assistant parlementaire dont il ne peut fournir "la preuve du travail", et a réduit ses indemnités d'eurodéputé, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
Des mesures prises "il y a déjà un moment". "Des mesures ont été prises il y a déjà un moment contre Jean-Marie Le Pen dans le cadre de l'enquête sur la politique d'embauche des assistants parlementaires du FN", le parti français d'extrême droite Front National dont il est l'ex-président, a affirmé un porte-parole du Parlement européen, confirmant une information de Challenges. "Mais nous ne pouvons pas entrer dans les détails," a-t-il ajouté. Une somme de 380.000 euros est également réclamée, pour des faits similaires, à Bruno Gollnisch, lui aussi député européen du Front National, a ajouté une source proche du dossier et "d'autres eurodéputés FN" devraient suivre.
Le remboursement de 320.026,23 euros. Le parquet de Paris a ouvert en mars 2015 une enquête sur les salaires versés, sur des fonds européens, à une vingtaine d'assistants d'élus FN, soupçonnés d'avoir été employés de manière fictive au Parlement de Strasbourg. Le Parlement avait au préalable saisi l'organisme anti-fraude de l'UE, l'Olaf. Dans un document que l'AFP s'est procuré, le secrétaire général du Parlement, Klaus Welle, réclame à Jean-Marie Le Pen le remboursement de 320.026,23 euros qui lui auraient été "indûment" versés pour rémunérer son assistant parlementaire, Jean-François Jalkh, entre 2009 et 2014. Car il remarque que Jean-François Jalkh, aujourd'hui député européen, avait dans le même temps été employé comme "assistant parlementaire local" ou en tant que "prestataire de service" pour "participer au contrôle des comptes de campagne" du FN.
"Ni explication, ni preuve du travail d'assistance parlementaire". En outre, Jean-Marie Le Pen "ne fournit ni explication, ni preuve du travail d'assistance parlementaire réalisé par Jean-François Jalkh". "Il n'est pas possible de confirmer la régularité des dépenses remboursées au titre de l'assistance parlementaire", conclut M. Welle. Selon l'entourage de Jean-Marie Le Pen, ce dernier s'est vu réduire de moitié le montant de son indemnité de député européen, qui passe de 6.200 à 3.100 euros mensuels nets et la totalité de son enveloppe de frais généraux de 4.300 euros a été supprimée depuis début mai. Son avocat, Me Frédéric Joachim, qui dit avoir formulé des recours "devant le tribunal de première instance de l'UE", s'est insurgé auprès de l'AFP contre "le caractère illégal et injuste de cette décision".