Un président isolé, incapable d’imposer ses idées et ses autorités jusqu’à renoncer : tel est le sévère portrait de François Hollande dressé par Aquilino Morelle, son ancien conseiller à l’Elysée évincé en avril 2014, dans un livre intitulé L’Abdication. Dans cet ouvrage à charge contre le chef de l’État, dont Le Journal du Dimanche a publié des extraits, l’auteur raconte, sans faire de révélations fracassantes, les dessous d’un quinquennat de renoncement.
Un "mensonge" dès les premiers mois du quinquennat. Aquilino Morelle, plume de François Hollande durant la campagne présidentielle de 2012, accuse le chef de l’État d’avoir menti dès les premiers mois de son quinquennat. "Pendant deux ans et demi, le Président a fait semblant de conduire la politique pour laquelle il avait été élue, celle présentée et détaillée dans le discours du Bourget", juge-t-il.
"Or, dès septembre 2012, les citoyens ont saisi que de changement, il n’y aurait pas ; ni maintenant, ni après, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais", poursuit-t-il en paraphrasant le slogan de campagne de François Hollande (le changement, c’est maintenant). Avant d’asséner : "Plus que d’une trahison, il s’agissait là d’un mensonge, un triste et banal mensonge."
A Florange, Hollande "a baissé son bénard". L’ancien conseiller raconte également l’impuissance présidentielle sur le dossier des hauts-fourneaux de Florange, une des promesses de campagne de François Hollande. L’auteur évoque ainsi une réunion avec le PDG d’Arcelor Mittal, fin 2012.
"A aucun moment, il n’ose franchir le pas et évoquer la solution préconisée publiquement par son ministre (Arnaud Montebourg, qui préconisait une nationalisation des hauts-fourneaux, une solution écartée par François Hollande, ndlr)." Ce qui mènera à ce commentaire peu amène d’Emmanuel Macron, pas encore ministre à cette époque : "Ce soir-là, il a baissé son bénard".
Un président isolé. Si l’ouvrage, à paraître le 11 janvier, ne comporte pas de révélations fracassantes, il éclaire en revanche sur l’isolement de François Hollande. "A la solitude du chef de l’État, François Hollande ajoutait la sienne propre, celle de l’homme", assure Aquilino Morelle.
"Une première fois, au mois de septembre 2012, la vision de ce qu’était devenue sa vie m’emplit de tristesse", raconte l’ex-conseiller. Et de livrer cette confession présidentielle lourde de sens : "Tu rentres dîner en famille… Quelle chance tu as. Si tu savais comme je t’envie."