Les sondeurs sont-ils devenus fous ? Certains voient quasiment François Fillon au second tour. Si l’on se concentre sur les seuls sympathisants Les Républicains, Nicolas Sarkozy sort en tête, si on élargit le corps électoral, c’est Alain Juppé, bien sûr, irrattrapable. Mercredi matin un proche de Nicolas Sarkozy, surpris lui-même, confiait : "tout est ouvert". À midi, un proche d’Alain Juppé préoccupé soufflait : "on perd des voix centristes qui partent vers Fillon".
L’homme du second tour ? François Fillon est devenu la Ferrari du dernier tour qui espère coiffer sur la ligne ses concurrents, avec cet atout qui peut faire mouche auprès des électeurs de droite : et s’il était le candidat de la synthèse ? Dans un second tour, il est donné vainqueur à tous les coups, face à Nicolas Sarkozy ou face à Alain Juppé.
Trois présidentiables pour une seule place. Qu’est-ce qui a changé en 10 jours pour que les rapports de force semblent tout à coup bouleversés, et si incertains ? D’abord, une très grande mobilité de l’électorat de droite entre les trois principaux candidats qui s’explique simplement : Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon sont perçus comme gagnants de la prochaine présidentielle. Dans ce cas, un électeur de droite se sent très libre de changer jusqu’au dernier moment. Un mot, un dérapage, un avantage comparatif peuvent emporter un choix au moment du vote.
Un spectateur attentif. Et puis, si l’on prend un peu plus de recul, il y a l’effet Trump et l’effet Brexit qui sont impossibles à évaluer ; soit l’écart entre des sondages, la mise en scène médiatique et le pays réel. Quel message les électeurs veulent exprimer par leur bulletin ? Le besoin d’autorité, le choix de se rassembler ou celui de renouveler, ou encore celui de bouleverser un choix qui paraît écrit d’avance. En politique rien ne se passe jamais comme prévu. Vous savez qui a fait sienne cette maxime ? François Hollande qui lui-même regardera avec attention ce troisième débat, comme il a regardé les deux premiers.