Attal accuse Bardella de soutenir des candidats «racistes, antisémites et homophobes»

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avec AFP , modifié à
À quelques jours du premier tour des élections législatives, un nouveau sondage place toujours en tête le Rassemblement national, suivi par le Nouveau Front Populaire et la majorité présidentielle. À gauche, on s'organise pour décider d'une ligne claire en cas de triangulaire, tandis que la majorité reste flou sur le sujet. Du côté des électeurs, plus de 2 millions de procurations ont été réalisées.
L'ESSENTIEL

À l'approche du premier acte des législatives dimanche, les partis de gauche se sont ralliés mercredi à l'idée de désistements au second tour pour faire barrage au Rassemblement national, de plus en plus confiant dans sa victoire et qui a émis un avertissement sur la répartition des pouvoirs sur la défense et la diplomatie en cas de cohabitation.

Les informations à retenir : 

  • Selon un dernier sondage, le RN rassemble près de 36% des intentions de vote
  • Marine Le Pen juge le titre de chef des armées "honorifique"
  • Le Nouveau Front populaire a annoncé se retirer en cas de triangulaires, lorsqu'un candidat RN serait en mesure de gagner
  • Il est "important de s'éloigner des extrêmes", estime Victor Wembanyama
  • Earvin Ngapeth, star du volley français, "encourage les votes contre le RN"
  • LFI retire son investiture à un candidat pour des messages antisémites
  • Glucksmann appelle la majorité à "sortir du ni-ni"
  • Gabriel Attal accuse Bardella de soutenir des candidats "racistes, antisémites et homophobes"

Plus de 2 millions de procurations enregistrées

Depuis le 10 juin, 2.124.918 procurations ont été enregistrées, a annoncé la porte-parole du ministère de l'Intérieur et des Outre-mer sur X. "C'est deux fois plus que lors du dernier scrutin législatif", a-t-elle détaillé.

Le RN toujours largement en tête des intentions de vote, selon un sondage

Le Rassemblement national et ses alliés sont toujours largement en tête avec 36% des intentions de vote à trois jours des législatives, selon un sondage Ipsos-Fondation Jean-Jaurès-Cevipof-Institut Montaigne pour le Monde portant sur près de 12.000 personnes et publié jeudi. 

Selon cette vaste étude, qui ne propose pas de projections en sièges, la gauche réunie au sein du Nouveau Front populaire rassemblerait 29% des voix, le camp macroniste 19,5% et LR 8%. Elle montre également que 77% des personnes interrogées disent que leur choix est définif, un petit quart étant encore indécis. 

Marine Le Pen juge le titre de chef des armées "honorifique"

"Chef des armées, pour le président, c'est un titre honorifique puisque c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse", a déclaré Marine Le Pen, la cheffe de file des députés RN, dans un entretien au Télégramme. "Jordan (Bardella) n'a pas l'intention de lui chercher querelle, mais il a posé des lignes rouges. Sur l'Ukraine, le président ne pourra pas envoyer de troupes", une option qu'il avait refusé d'exclure, a-t-elle ajouté.

Lors des trois précédentes cohabitations de la Ve République, le président avait conservé de larges pouvoirs en matière de politique internationale et de défense, au nom d'une interprétation de la Constitution octroyant un "domaine réservé" au chef de l'Etat.

La gauche s'accorde en cas de triangulaires...

Face aux sondages toujours favorables au RN, le second tour du 7 juillet est déjà dans toutes les têtes: mercredi, la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, a réclamé aux chefs de la majorité présidentielle des "engagements simples et clairs" de désistement mutuel en cas de triangulaires pour "faire battre les candidats du Rassemblement national".

"Lorsqu'un candidat républicain sera opposé à un candidat du Rassemblement national, nous soutiendrons le candidat républicain (..) Et vous?", leur a-t-elle écrit en leur proposant une rencontre.  "Nous le ferons sans aucune attente, sans aucune contrepartie attendue", a renchéri le patron du PS, Olivier Faure, au 20H de TF1, en invitant les macronistes à "rendre la pareille" des appels au vote Macron qu'il avait lancé aux seconds tours des deux dernières présidentielles.

... Tandis que la majorité présidentielle reste dans le flou

"Il n'y a pas eu encore de premier tour donc, par définition, il n'y a pas de doctrine", leur a indirectement répondu le Premier ministre Gabriel Attal, en marge d'un déplacement à Parçay-Meslay (Indre-et-Loire). Mardi, le chef de l'Etat et les cadres de sa majorité avaient semblé se diriger vers un mot d'ordre "ni RN, ni LFI" lors d'une visioconférence, distinguant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon des autres partis de l'alliance de gauche. Un participant a toutefois assuré que le président n'avait pas "tranché".

François Bayrou, si : "Nous ne voterons ni pour un candidat du Rassemblement national, ni pour un candidat LFI", a expliqué le patron du MoDem sur France 5. Le patron d'Horizons, Edouard Philippe, a pour sa part réservé sa position au soir et au lendemain du premier tour, en disant espérer qu'un "espace central", incluant une partie de la gauche et de la droite, s'impose comme "une alternative" à la "tenaille" entre RN et LFI.

Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a quant à lui prévenu dans Le Parisien qu'il ne pourra "jamais voter pour un candidat RN ou Nouveau Front populaire", visant l'ensemble de l'alliance - socialistes compris et pas seulement LFI -, estimant que "ce qu'ils proposent et ce qu’ils représentent, c'est le contraire de l’intérêt du pays".

Earvin Ngapeth, star du volley français, "encourage les votes contre le RN"

Earvin Ngapeth, star de l'équipe de France de volley, a déclaré jeudi à l'AFP "encourager les votes contre le Rassemblement national" à trois jours du premier tour des élections législatives anticipées qui plongent la France dans une période de grande incertitude politique. "J'encourage simplement les votes contre le Rassemblement national, qui véhicule des idées, des valeurs, des principes qui ne sont pas les miens", a argué Ngapeth.

"La France que j'aime est une France où tout le monde se mélange, à l'image de notre équipe qui va disputer les Jeux olympiques et au sein de laquelle on donne de la joie aux Français", a-t-il appuyé. Le joueur de 33 ans est le chef de file des Bleus qui défendront aux Jeux de Paris (26 juillet-11 août) leur titre olympique conquis il y a trois ans à Tokyo. A l'occasion de cet évènement majeur, il a souhaité se porter candidat pour être porte-drapeau de la délégation française à la cérémonie d'ouverture.

Il est "important de s'éloigner des extrêmes", estime Victor Wembanyama

Victor Wembanyama, la vedette du basket-ball français, a jugé jeudi qu'il était "important de s'éloigner des extrêmes, qui ne sont pas la direction à prendre pour un pays comme le nôtre", en réponse à une question de la presse sur le contexte politique en France. Pour rappel, le Conseil d'État a classé le Rassemblement national comme étant un parti d'extrême droite, mais a spécifiquement mentionné que le Parti Communiste Français et La France Insoumise étaient classés dans la nuance "gauche", et non à l'extrême gauche.

"Bien entendu, les choix politiques sont personnels mais pour moi il est important de s'éloigner des extrêmes, qui ne sont pas la direction à prendre pour un pays comme le nôtre", a déclaré, à propos des législatives anticipées, le basketteur, interrogé lors d'une conférence de presse des Bleus à l'Insep, à Paris, avant les Jeux olympiques.

LFI retire son investiture à un candidat pour des messages antisémites

La France insoumise a annoncé jeudi retirer son investiture à un candidat aux élections législatives dans le Loir-et-Cher pour des tweets antisémites qu'il a écrits dans le passé. "Le Comité électoral de la France insoumise a été informé ce jour (jeudi) de tweets à caractère antisémite publiés il y a six ans par un candidat investi aux élections législatives", Reda Belkadi dans la première circonscription du Loir-et-Cher, écrit LFI dans un communiqué.

"Après vérification, il constate que ce candidat a en effet violé la charte d'engagement signée par l'ensemble des candidats investis par la France insoumise à travers laquelle chacun s'engage à +rejeter tous les propos, comportements et violences sexistes, racistes, antisémites, LGBTIphobes et toutes les discriminations+", poursuit le document. "Le comité électoral de la France insoumise retire immédiatement son investiture à M. Belkadi dans la première circonscription du Loir-et-Cher et saisit le Comité de respect des principes pour obtenir son exclusion immédiate de la France insoumise", conclut cette même source.

M. Belkadi était candidat notamment face au député Modem sortant Marc Fesneau.

Glucksmann appelle la majorité à "sortir du ni-ni"

L'eurodéputé Raphaël Glucksmann a appelé jeudi le camp macroniste, qui renvoie dos à dos le Rassemblement national et la gauche dans la campagne des législatives, à "sortir du ni-ni" qui est "en réalité un consentement à la prise du pouvoir par le RN".

"Pour qu'il n'y ait pas de majorité d'extrême droite, la macronie a une chose à faire, c'est à sortir du ni-ni", et à dire "très clairement que la priorité des priorités, c'est d'empêcher le RN d'avoir une majorité absolue", a déclaré à la presse M. Glucksmann, venu soutenir le candidat de l'alliance de gauche Nouveau Front populaire (NFP), Aurélien Rousseau, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

M. Glucksmann a dénoncé une part de calcul électoral dans la rhétorique de la majorité: "C'est une stratégie de premier tour pour essayer de limiter la casse" dimanche en affaiblissant la gauche. Mais cette stratégie est "extrêmement dangereuse pour la suite": "Avec toute cette propagande, il y a un risque fondamental qui est l'incapacité à faire barrage au RN dans quelques jours", a-t-il craint. Le président de la République "Emmanuel Macron a joué à Néron en décidant de la dissolution de l'Assemblée nationale alors que rien ne l'y obligeait. Et maintenant, c'est Ponce Pilate qui s'en lave les mains", a-t-il fustigé.

Attal accuse Bardella de soutenir des candidats "racistes, antisémites et homophobes"

Le Premier ministre Gabriel Attal, chef de file de la majorité sortante aux élections législatives, a accusé jeudi son rival d'extrême droite Jordan Bardella de présenter "une centaine de candidats" ayant tenu "des propos racistes, antisémites et homophobes", ce que le leader du RN a récusé en bloc.

"On ne peut pas construire l'apaisement et le rassemblement quand on présente dans cette élection plus d'une centaine de candidats, c'est à dire presque un sur cinq (...) pour lesquels on a trouvé des propos racistes, antisémites et homophobes", a lancé M. Attal lors d'un débat télévisé sur France2 avec M. Bardella et le socialiste Olivier Faure, qui représentait le Nouveau Front populaire. Citant nommément plusieurs candidats investis par le RN, M. Attal a aussi évoqué "un jeune fils d'un cadre du Rassemblement national interpellé pour agression", et fait référence à des articles de presse parus notamment dans Le Monde et Libération.

"Tout est faux, archi faux", a répondu M. Bardella, affirmant qu'"il y a eu des contre-articles pour démontrer que c'était faux et (que) Libération est poursuivi en diffamation". Le Premier ministre a également dénoncé la volonté du RN de "stigmatiser 3,5 millions de Français binationaux" en leur interdisant l'accès à certains emplois jugés "stratégiques". 

"Le message que vous (leur) envoyez, c'est 'Vous êtes plus corruptibles que d'autres, on n'a pas suffisamment confiance en vous pour vous confier des responsabilités'", a asséné M. Attal. "Caricature", a répliqué M. Bardella, estimant que son adversaire "a intérêt à jouer sur les peurs" et assurant qu'il ne souhaitait "pas remettre en cause la double nationalité".