Législatives 2024 : la dissolution intervient «au pire moment», juge François Hollande
Quatre jours après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, la recomposition politique est en marche. À 17 jours du premier tour des législatives, la gauche semble s'allier derrière le nouveau "front populaire", tandis que la droite s'écharpe après l'annonce d'Éric Ciotti qui souhaite faire une alliance avec le RN.
Fractures à droite, union à gauche : si Reconquête et Les Républicains continuent de se déchirer sur leur stratégie vis-à-vis du Rassemblement national en vue des législatives, la gauche semble s'allier largement derrière son nouveau "Front populaire", même si Jean-Luc Mélenchon reste en embuscade. À 17 jours du premier tour des élections législatives anticipées du 30 juin, le grand bouleversement des droites est en marche.
Les informations à retenir :
- Éric Ciotti annonce saisir la justice après avoir été évincé des Républicains
- Éric Ciotti et Jordan Bardella ont déjeuné ensemble ce jeudi
- Marion Maréchal ne sera pas candidate aux élections législatives
- Emmanuel Macron appelle à faire corps face aux deux "extrêmes"
- Gabriel Attal "favorable" à un débat avec Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon
La dissolution intervient "au pire moment et dans les pires circonstances", assure François Hollande
Invité du journal de 20H de TF1, l'ancien président de la République a vertement critiqué le choix d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Selon lui, cette décision "intervient au pire des moments et dans les pires circonstances". Par ailleurs, François Hollande s'est dit favorable à la nouvelle alliance conclue entre les partis de gauche.
Le nouveau front populaire annonce avoir "scellé" un "programme de gouvernement"
Les forces de gauche réunies dans le "Nouveau Front populaire" ont annoncé jeudi soir, après quatre jours de négociations, avoir "scellé" un "programme de gouvernement". "Avec un programme de gouvernement et des candidatures uniques dans les circonscriptions de France, les forces politiques qui ont constitué le nouveau Front populaire donnent rendez-vous aux Françaises et aux Français les 30 juin et 7 juillet prochains", écrivent le PS, le PCF, les Ecologistes et LFI dans un communiqué commun. "Nous avons réussi. Une page de l'Histoire de France s'écrit, s'est réjoui sur X le premier secrétaire du PS Olivier Faure alors que le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a salué "un événement politique considérable en France".
JO : Macron affirme que les Français ne voudront pas de dirigeants "qui ne sont pas prêts du tout"
Emmanuel Macron pense que les Français vont "intégrer les Jeux olympiques" de Paris "dans leurs choix" aux législatives anticipées et ne voudront pas de dirigeants qui ne "sont pas prêts du tout", a-t-il déclaré jeudi devant la presse, en marge du G7 près de Bari en Italie.
"Je pense qu'ils n'ont pas envie d'avoir des Jeux olympiques qui se présentent mal" et qu'ils seront "attachés à ce qu'il y ait une continuité" avec des responsables "qui ont préparé ces jeux" et "pas des gens qui ne sont pas prêts du tout", a-t-il lancé en visant implicitement son adversaire du Rassemblement national, Jordan Bardella, qui pourrait accéder à Matignon.
"Dimanche je l'ai pris pour moi", affirme Emmanuel Macron
Depuis l'Italie où il participe au G7, Emmanuel Macron s'est à nouveau exprimé sur les résultats des élections législatives. "Dimanche, je l'ai pris pour moi", a-t-il notamment déclaré, tout en réfutant l'idée d'être un président affaibli sur le plan international. "Mes interlocuteurs sont tous des élus démocratiques. Ils ont tous dit: 'C'est courageux'", a-t-il affirmé devant des journalistes. L'aide à l'Ukraine sera-t-elle menacée en cas de cohabitation avec le Rassemblement national ? "La parole de la France est engagée par le président de la République", a-t-il répondu.
LR reporte à vendredi le bureau qui devait "valider" l'exclusion de Ciotti
Les Républicains ont reporté à vendredi "pour des raisons d'organisation" le bureau politique qui devait valider en fin d'après l'exclusion du président Eric Ciotti après son alliance électorale avec le RN lors des législatives du 30 juin, a indiqué jeudi le parti. Après une première réunion qui a voté mercredi l'exclusion à l'unanimité -décision contestée devant la justice par M. Ciotti- le bureau politique devait se retrouver en visio en fin d'après-midi pour "légitimer" cette décision.
La justice examinera vendredi matin un recours d'Eric Ciotti contre son exclusion de LR
Le tribunal judiciaire de Paris examinera vendredi à 11 heures un recours déposé par Eric Ciotti contre son exclusion des Républicains après son alliance avec le Rassemblement national, a-t-on appris jeudi de source judiciaire. Eric Ciotti, qui se considère toujours président du parti, contestera lors de cette audience publique la légalité de son exclusion décidée par le bureau politique de LR au vu de ses statuts -à condition de délivrer l'assignation à la partie attaquée d'ici à jeudi soir. Le tribunal devrait rendre sa décision quelques heures après l'audience.
Attal "favorable" à un débat avec Bardella et Mélenchon, le leader insoumis décline
Gabriel Attal s'est dit jeudi "favorable" à un débat télévisé avec le patron du RN Jordan Bardella et le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne des élections législatives. Ce débat "doit être entre ceux ou celles qui ont été plus ou moins identifiés comme potentiellement Premier ministre à l'issue de ces élections, Jordan Bardella pour l'extrême droite et ses alliés, Jean-Luc Mélenchon pour l'extrême gauche et ses alliés, et puis moi-même pour ce bloc progressiste", a jugé Gabriel Attal lors d'un déplacement de campagne dans le Pas-de-Calais.
"Je remercie TF1 et France 2 pour leur invitation aux débats avec Attal et Bardella. Le Nouveau Front Populaire n'a pas encore désigné son candidat Premier ministre. C'est donc aux chefs des grands partis de notre coalition d'aller à ce type de débats", a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur le réseau social X.
Je remercie TF1 et France 2 pour leur invitation aux débats avec Attal et Bardella. Le #NouveauFrontPopulaire n'a pas encore désigné son candidat premier ministre. C'est donc aux chefs des grands partis de notre coalition d'aller à ce type de débats.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 13, 2024
Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné candidat dans les Hauts-de-Seine
Le ministre des Affaires étrangères et secrétaire général de Renaissance Stéphane Séjourné a été investi par le parti macroniste aux législatives anticipées, a annoncé la coalition présidentielle Ensemble jeudi. Le chef de la diplomatie, qui n'était pas député, part en campagne dans la 9e circonscription, détenue depuis 2022 par le député Renaissance Emmanuel Pellerin, selon une deuxième vague d'investitures annoncées par le camp présidentiel avant le premier tour du 30 juin.
Éric Ciotti et Jordan Bardella doivent déjeuner ensemble ce jeudi
Éric Ciotti, qui revendique toujours la présidence de LR, et Jordan Bardella, patron du Rassemblement national, doivent déjeuner ensemble jeudi, deux jours après que le premier a prôné une alliance avec le second pour les élections législatives, a-t-on appris de leurs entourages.
Exclu de son parti mercredi par un bureau politique dont il conteste la légitimité et donc la validité de la décision, Éric Ciotti s'est rendu jeudi matin à son bureau au siège parisien des Républicains, en publiant une vidéo sur le réseau social X sous-titrée "Au travail pour la France !".
Au travail pour la France ! pic.twitter.com/rtOwR4WfkP
— Eric Ciotti (@ECiotti) June 13, 2024
François-Xavier Bellamy ferait barrage au Front Populaire face au RN au second tour
Invité de l'émission Pascal Praud et vous , la tête de liste LR aux européennes, François-Xavier Bellamy, a déclaré qu'il ferait "tout pour empêcher que La France insoumise n'arrive au pouvoir dans ce pays". En cas de duel au second tour de sa circonscription, entre un candidat RN et un candidat du Front populaire, "évidemment" que l'eurodéputé votera pour la personnalité représentant le RN, a-t-il assuré.
LR convoque un nouveau bureau politique pour "valider l'exclusion de Ciotti"
Le parti Les Républicains (LR) a convoqué jeudi un nouveau bureau politique "pour valider" l'exclusion de son président Éric Ciotti approuvée mercredi par cette même instance, a-t-il indiqué dans un communiqué.
"Nous avons très largement recueilli plus du quart des signatures des conseillers nationaux LR qui maillent le territoire national, démontrant que les cadres, les militants et les adhérents ne cautionnent pas un accord avec le RN", assure le parti dans un communiqué, ajoutant que "la fin est proche" pour Éric Ciotti.
Éric Ciotti annonce saisir la justice contre son éviction du parti
Exclu des Républicains la veille, Éric Ciotti, est arrivé jeudi peu après 10 heures au siège de son parti, dont il se dit toujours président, et a annoncé avoir saisi la justice contre son éviction votée la veille par l'ensemble des cadres de LR.
"Je suis président du parti, je vais à mon bureau, c'est tout", a déclaré Éric Ciotti aux journalistes présents à son arrivée. Dénonçant le "coup de force" de ses opposants internes, il a annoncé que "le tribunal judiciaire de Paris est saisi par référé pour contester la validité de cette décision qui n'a aucun sens".
>> INFO EUROPE 1 – Entre 50.000 et 100.000 personnes attendues samedi à Paris pour manifester contre le RN
Marion Maréchal ne sera pas candidate
L'ancienne tête de liste Reconquête Marion Maréchal a annoncé jeudi, au lendemain de son exclusion de Reconquête, qu'elle ne sera "pas candidate aux législatives", assurant ne pas démissionner de son mandat de députée européenne acquis dimanche dernier sous cette bannière.
Exclue mercredi du parti Reconquête par Éric Zemmour, qu'elle avait rejoint pour la présidentielle de 2022, elle a appelé mercredi à voter pour le Rassemblement national aux législatives anticipées. "Je n'ai en aucun cas rallié ou rejoint le Rassemblement national" a assuré la nièce de Marine Le Pen sur TF1. Elle a affirmé ne pas avoir négocié de poste au sein d'un éventuel gouvernement. Et ne pas briguer d'investiture aux législatives "par cohérence".
Plusieurs sources ont confirmé une information du JDD selon laquelle quatre membres de Reconquête, réputés proches de Marion Maréchal, ont décroché mercredi une investiture RN pour les législatives. L'ancienne tête de liste Reconquête s'est également exprimée sur son exclusion du mouvement: "Elle s'impose à moi. J'en suis triste et je vis ça comme une injustice".
Plaidant pour "l'union des droites", elle s'est montrée inquiète pour l'avenir du parti d’Éric Zemmour. "Je ne sais pas ce qu'il adviendra de Reconquête et j'en suis extrêmement malheureuse", a-t-elle avancé, "je leur dis: "ne vous trompez pas, soyez au rendez-vous de l'Histoire"". Marion Maréchal avait d'abord cherché à obtenir un accord entre le RN et Reconquête, avant l'abandon des négociations mardi.
"Je suis prêt à prendre la place qu'on souhaitera"
Le député LFI de la Somme François Ruffin a assuré jeudi qu'il se "sent capable" de devenir Premier ministre si la gauche emportait les élections législatives anticipées, au lendemain d'une déclaration similaire du leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. "Je m'en sens capable aussi. Si jamais il y a un consensus qui devait aboutir à un nom, je suis prêt à prendre la place qu'on souhaitera pour transformer la vie des gens", a déclaré François Ruffin sur France Bleu Picardie, estimant être "le premier qui en a eu marre de Macron".
"Je sais quelle est ma contribution à la vie de la gauche", a assuré Jean-Luc Mélenchon mercredi soir sur France 2 , se disant prêt à se plier "à la formule qu'a proposée Olivier Faure : c'est le groupe parlementaire le plus important qui propose un Premier ministre". "Je ne m'élimine pas mais je ne m'impose pas", a également précisé le fondateur de La France insoumise, qui, fort de ses 22% à la présidentielle, avait fait acte de candidature pour le poste de Premier ministre en 2022 au moment des législatives, poussé par l'alliance de la Nupes.
Gabriel Attal lance la campagne de la majorité présidentielle
Resté discret dans les premières heures de la campagne, le Premier ministre Gabriel Attal a rendez-vous jeudi matin sur France Inter, puis sur le terrain à Boulogne-sur-Mer, dans une circonscription du Pas-de-Calais où le Rassemblement national avait failli s'imposer en 2022.
"Je ne veux pas donner les clés du pouvoir à l'extrême droite en 2027", a prévenu Emmanuel Macron, qui a exclu un débat avec Marine Le Pen avant les législatives tout en admettant avoir une "responsabilité" personnelle dans la montée du parti à la flamme. Pendant ce temps, le président du RN Jordan Bardella est lancé sur sa dynamique. Les premiers sondages lui laissent entrevoir un score de 31% aux législatives, comme aux européennes de dimanche dernier. Avec une nette augmentation des troupes RN à l'Assemblée, estimées entre 220 et 270 sièges selon une enquête Elabe pour BFMTV, contre 88 avant la dissolution. Il lui faudrait 289 députés pour obtenir une majorité absolue et s'ouvrir grand les portes de Matignon.