Des consignes de vote confuses, des rétropédalages ou encore des appels au barrage à géométrie variable : les mots d'ordre pour le second tour des législatives sont un casse-tête pour les Etats-majors des partis. Avec 271 duels prévus dimanche entre Ensemble! et l'alliance de gauche Nupes menée par Jean-Luc Mélenchon, pas moins d'une soixantaine entre la Nupes et le Rassemblement national qui sera également confronté à la majorité sortante sur plus d'une centaine de circonscriptions, les partis sont tiraillés entre le cas par cas et les mots d'ordre nationaux.
Un problème posé dès les résultats du premier tour
Du côté de la majorité sortante, le problème s'est posé dès la publication dimanche soir des premières estimations qui la plaçait au coude-à-coude avec la Nupes, devant le RN : LREM préférait alors ne pas donner de consigne nationale, mais "au cas par cas", dans une situation de duel entre la gauche et l'extrême droite.
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"Il y a un danger de l'extrême gauche comme il y a un danger de l'extrême droite", renchérissait l'ex-ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, après son élimination dans le Loiret. Pilonnée par la Nupes et des associations antiracistes, la majorité a rétropédalé, Elisabeth Borne appelant à ne pas "donner une seule voix" à l'extrême droite et de soutenir les candidats "républicains". "C'est un 'en même temps' de raison" qui consiste à ne voter ni pour le RN ni pour les candidats de la Nupes jugés "antirépublicains", explique à l'AFP une source proche de la majorité.
Plusieurs débats sur le "front républicain"
"Personne ne comprend rien aux consignes de vote du parti présidentiel", s'est agacée Marine Le Pen sur Twitter, en allusion à la décision d'Ensemble! de renoncer à une triangulaire dans le Lot-et-Garonne pour faire justement barrage au RN au profit de la Nupes. Le principal intéressé, le député sortant Alexandre Freschi, aurait refusé depuis de se retirer. Les débats sur le "front républicain" a alimenté le début de la très courte campagne pour le second tour de dimanche.
Personne ne comprend rien aux consignes de vote du parti présidentiel. D’un côté, ils appellent à faire barrage à la NUPES, et de l’autre, ils se retirent pour les faire élire. Je crois que les Français sont dégoûtés de ces manœuvres politiciennes et électoralistes. pic.twitter.com/O55PDUEFbV
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) June 14, 2022
La majorité "a passé plus de 24 heures à se demander que faire dans une soixantaine de circonscriptions", observe Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de l'institut Harris. Or, les électeurs ne "s'intéressent pas à ces comptes d'apothicaires, mais veulent savoir ce que leur proposent les candidats s'ils accèdent aux responsabilités ", soutient-il. Avant de s'envoler pour la Roumanie, Emmanuel Macron a une nouvelle fois renvoyé dos-à-dos le RN et la Nupes, en appelant les Français à lui "donner une majorité solide" au nom de "l'intérêt supérieur de la Nation".
Tous les partis sont concernés par cette problématique
La question des consignes de vote concernent tous les partis, souligne toutefois une source gouvernementale. "J'aimerais bien entendre Jean-Luc Mélenchon appeler à voter Ensemble! dans les 107 circonscriptions où la majorité affronte le RN", déplore-t-elle. Du côté du Rassemblement national et de la Nupes, le problème se pose surtout lorsque leurs candidats respectifs ne figurent plus au second tour. A l'image du maire RN de Perpignan Louis Aliot qui a souhaité la défaite du patron des députés LREM Christophe Castaner dans la 2e circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, quitte à voter Nupes.
"Il y a des électeurs du RN (...) qui vont réfléchir à deux fois, qui, peut-être, même en se bouchant le nez, iront voter contre monsieur Castaner", a-t-il affirmé. "C'est sûr que l'antimacronisme est un ressort de vote dans un pays qui reste marqué par une défiance forte à l'égard de l'exécutif", explique à l'AFP le président de l'institut Elabe, Bernard Sananès. "Il faudra voir s'il y a une différence entre le RN du sud issu de la droite et celui du nord qui vient de la gauche", souligne-t-il.
"Pour le premier voter Nupes, c'est plus compliqué que pour le second pour qui il est plus vraisemblable qu'il vote à gauche contre la réforme des retraites", détaille-t-il. De son côté, le numéro deux de LFI Adrien Quatennens a lancé directement un appel aux électeurs du RN. "Nous n'avons rien à voir avec le Rassemblement national", a-t-il expliqué. "Par contre, ça nous intéresse que des gens qui s'égarent dans ce vote soient finalement convaincus de faire un autre choix".