Jean-Luc Mélenchon est présent dans la vie politique depuis plusieurs décennies, mais il n’a jamais été député. Une ligne blanche dans son CV que l’ex-candidat à la présidentielle, au nom de La France insoumise (FI), a visiblement très envie de remplir. Car l’eurodéputé a choisi de se présenter aux législatives dans une circonscription, la quatrième des Bouches-du-Rhône, où la victoire lui tend les bras. Il devrait officialiser cette décision jeudi, sur place, à Marseille. Celui qui avait pris un risque immense en 2012 en se présentant à Hénin-Beaumont face au PS et à Marine Le Pen, avec une défaite à la clé, a cette fois été beaucoup plus raisonnable. Même si l’élu sortant, le socialiste Patrick Mennucci, ne se laissera pas faire.
- En tête au premier tour de la présidentielle
Jean-Luc Mélenchon n’a pas choisi son point de chute au hasard. L’ancien sénateur de l’Essonne est arrivé en tête dans cette circonscription avec 39,09% des suffrages. Il s’agit là de son troisième meilleur score sur une circonscription au plan national. Mais dans les deux autres, la place était prise. Par Marie-George Buffet, l’un des rares candidats communistes soutenues par FI, dans la quatrième circonscription de Seine-Saint-Denis (40,44%); et par Alexis Corbière, lieutenant de Jean-Luc Mélenchon, dans la septième circonscription (40,12%) du même département.
Restait donc cette quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône. Un nouveau territoire à conquérir pour celui qui fut conseiller général de l’Essonne (1985-1992 et 1998-2004), puis sénateur de l’Essonne (1986-2000 et 2004-2010), élu député européen en 2009 et 2014 dans la grande circonscription sud-ouest, et candidat aux législatives dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais. Un parachutage assumé par le principal intéressé. "Bah oui, je suis parachuté partout. Je suis partout chez moi. La France est ma patrie", a répondu Jean-Luc Mélenchon mercredi sur BFMTV.
- Un choix diamétralement opposé à celui de 2012
Mais ce qui frappe le plus, dans ce choix, ce n’est pas le parachutage, c’est le contraste avec celui opéré en 2012. A l’époque, Jean-Luc Mélenchon, qui avait obtenu 11,10% des voix, avait choisi d’affronter Marine Le Pen elle-même dans son fief d’Hénin-Beaumont. Le tout dans une circonscription traditionnellement socialiste. "La démocratie est faite de grands enjeux, de grands débats. Et il ne faut pas les fuir. Quel genre de responsable politique de gauche je serais si j’allais me planquer, me cacher dans une circonscription confortable où j’aurais pour principal projet ma personne et d’être élu", disait-il alors à l’époque sur France 3. Des propos qui pourraient bien lui revenir en pleine figure.
Cette fois, le discours a changé. "Tu ne peux pas dire aux gens on repart à la bataille, et tout le monde y est sauf toi", a-t-il expliqué sur BFMTV. Cette "bataille" lui demandera à coup sûr moins d’énergie qu’il y a cinq ans, quand l’affrontement avec Marine Le Pen avait été particulièrement musclé. Et au final, c’est le socialiste Philippe Kemel qui l’avait emporté. Cette fois, c’est un autre socialiste, le député sortant Patrick Mennucci, que le leader de La France insoumise aura en face de lui. Et l’homme ne compte pas se laisser faire.
- Un adversaire combattif
Car voilà bien l’adversaire principal de Jean-Luc Mélenchon, dans une circonscription où le Front national et la droite ont remporté au premier tour de la présidentielle respectivement 14,36% et 10,84% des voix. Ce sera donc gauche contre gauche, avec un Patrick Mennucci particulièrement remonté. Le député sortant n’a pas eu de mots assez durs pour son nouvel adversaire, le qualifiant dans un billet publié sur Facebook de "nomade électoral" ou de "député plateau télé". Il critique aussi "l’acte d’allégeance à Jean-Claude Gaudin", qu’il voit dans la rencontre entre le maire de Marseille et Jean-Luc Mélenchon, jeudi.
"Il faudra qu'ils nous expliquent ce qu'il connaît du centre-ville de Marseille, à part le Vieux Port un jour de soleil", a poursuivi cette figure du PS marseillais sur RMC, en référence au meeting tenu par Jean-Luc Mélenchon avant le premier tour de la présidentielle. "Jean-Luc Mélenchon peut-être pensait-il qu'il allait arriver dans un lit de roses. Nous sommes dans une situation politique qui nécessite la clarté. (...) Puisque c'est lui qui est venu choisir l'affrontement, eh bien l'affrontement sera complet". Le leader de la France insoumise est prévenu.