Législatives : qui va choisir les candidats "atypiques" voulus par Macron ?

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L’ancien ministre de l’Economie le promet : les candidats aux législatives seront largement issus de la société civile. Mais qui en décidera ?

Les proches d’Emmanuel Macron n’en attendaient pas tant. Plus de 6.000 personnes se sont portées candidates pour défendre les couleurs du mouvement En Marche! lors des élections législatives de juin. Les cadres du mouvement devront en retenir 577. Comment va s’opérer la sélection ? Décryptage.

Un recrutement dans la société civile…

Lors de son premier grand meeting, l’ancien ministre de l’Economie annonçait la couleur en ces termes : "Quand la politique n’est plus une mission mais une profession, les responsables politiques ne sont plus des engagés mais des intéressés (...) la politique ne doit plus être un métier". En clair, son mouvement ne devra pas comprendre uniquement des vieux briscards de la politique mais beaucoup de sang neuf, issu de la société civile.

Début février, Emmanuel Macron avait répété à propos des futurs candidats d'En Marche! que "la moitié au moins" serait "des nouveaux candidats, qui viennent de la société civile, qui viennent de la vie active", évoquant cinq critères de sélection : le renouvellement, le pluralisme politique, la parité, l'absence de casier judiciaire et un engagement à voter les grands axes du programme. "Chaque candidat signera avec moi un contrat avec la nation. Il n’y aura pas de frondeurs", avait-il également fait savoir.

Pour mettre sur pieds ce bataillon de Français "de la vie active", Emmanuel Macron a chargé une commission de neuf membres de faire le tri. "Il n'y a pas d'écoles de députés (...) J'ai toujours refusé cette notion. Je souhaite qu'il y ait des gens sincères, authentiques, représentatifs de la société civile", a renchéri son président, Jean-Pierre Delevoye, jeudi sur LCI.

… Confié à des anciens de la politique

Mais la politique ne se fait jamais totalement... sans professionnels de la politique. Sur les neuf membres de la commission d’investiture, seules l'avocate Laetitia Avia et la consultante en marketing digital Margaux Pech viennent uniquement de la "société civile", souligne Marianne.

Les sept autres sont des politiques de carrière, plutôt classés à gauche dans l’ensemble. Âgé de 70 ans, le président de ce comité Jean-Pierre Delevoye a, pour sa part, été tour à tour maire de Bapaume, conseiller général, député et sénateur du Pas-de-Calais (RPR puis UMP), ministre de Jacques Chirac et président du Conseil économique social et environnemental. "Le renouvellement, ce n'est pas le jeunisme. Nous avons aussi besoin de hauteur de vue et de distance pour l'exercice difficile que nous avons à mener", défend Catherine Baroux, également membre de la commission d’investiture, citée par Le Figaro. "C'est une personnalité respectée qui n'est suspecte par personne de connexions avec qui que ce soit", renchérit un proche d’Emmanuel Macron.

Mais la liste ne s’arrête pas là : Catherine Baroux fut pour sa part collaboratrice de l’ancien maire PS de Marseille Gaston Defferre, membre de plusieurs cabinets ministériels pendant les mandats présidentiels de François Mitterrand, déléguée générale à l'emploi sous les ordres de Martine Aubry ou encore directrice générale des services de la région Ile-de-France, lorsqu’elle était présidée par le socialiste Jean-Paul Huchon. On peut encore citer Christine de Veyrac, eurodéputée UDF, UMP puis UDI et ancienne collaboratrice de Valéry Giscard d'Estaing, la sénatrice PS Anne Emery-Dumas ou encore le député socialiste Jean Launay. Moins connus, un certain "Cédric O", ancien collaborateur de Dominique Strauss-Kahn et de Pierre Moscovici ou encore Marlène Schiappa, collaboratrice de Laurence Rossignol, ont également été désignés pour sélectionner les "marcheurs".

 

Quid de la parité ?

Très politique et classée plutôt à gauche, cette commission ne respecte donc pas totalement le critère de "pluralisme" posé par le candidat pour sélectionner les futurs candidats à la députation. Il y a un autre critère qu’elle ne respecte pas : celui de la parité. Car oui, le comité d’investiture est composé majoritairement de… femmes (six sur neuf) ! Ce ratio sera-t-il le même pour les candidats ? Rien n’est moins sûr. En effet, sur les 6.000 candidatures reçues par les équipes d’Emmanuel Macron, environ 65% sont des candidatures masculines. Et ce malgré l’appel aux femmes lancé fin janvier par l’ancien ministre de l’Economie, intitulé "réveillez-vous !"