C'est un test de grande ampleur pour Emmanuel Macron et le gouvernement. La journée de mobilisation de jeudi, avec manifestations dans les rues et grèves des transports, ne devrait pas manquer d'éprouver la capacité de l'exécutif à mener à bien ses réformes face à la gronde sociale.
"Pas question de s'arrêter". Transports bloqués, fonction publique à l'arrêt, ce jeudi noir en France, Emmanuel Macron le vivra depuis la Belgique, puisqu'il sera en déplacement à Bruxelles, au Conseil européen, d'où il sera tenu informé en temps réel de l'évolution de la situation. L'exécutif veut se montrer inflexible : "Il faut continuer à expliquer le pourquoi des réformes, mais pas question de s'arrêter, quelle que soit l'ampleur de la mobilisation", prévient l'Elysée.
Le fantôme de 1995. Le chef de l'État compte aussi sur l'élan des derniers mois qui lui a permis de mener un train d'enfer quant à la réforme du pays. "L'opinion est prête pour cette réforme, cela n'a rien à voir avec les grèves de 1995", abonde un conseiller de l'Elysée. À l'époque, le "plan Juppé" sur les retraites et la Sécurité sociale avait fait descendre dans la rue jusqu'à deux millions de mécontents, selon les chiffres des syndicats. En septembre, la mobilisation contre la loi Travail s'était très rapidement dégonflée.
Diviser pour mieux régner. En coulisses, les macroniens avouent une crainte. "Si le mouvement dure, le ras-le-bol des usagers pourrait se retourner contre nous", souffle un élu de la majorité. L'exécutif tente donc d'isoler les cheminots dans leur grogne, puisque 100.000 retraités supplémentaires vont finalement être exonérés de la hausse de la CSG, et ce afin d'éviter à tout prix que d'autres colères ne viennent grossir les cortèges.