L'exécutif a tenté un geste fort mercredi soir, à trois jours d'une mobilisation à haut risque des "gilets jaunes", en renonçant "pour l'année 2019" aux augmentations de taxes sur les carburants. Ces hausses sont "annulées", a affirmé le ministre de la Transition écologique François de Rugy sur BFM TV.
"Les gens ont eu l'impression qu'il y avait une entourloupe". "Comme ça il n'y a pas d'entourloupe", a-t-il assuré lors d'un débat avec des "gilets jaunes" : "Le président (Emmanuel Macron), je l'ai eu au téléphone il y a quelques minutes. Il m'a dit : 'Les gens ont eu l'impression qu'il y avait une entourloupe, qu'on leur disait c'est une suspension mais hop, ça reviendra après'". L'annonce est intervenue à la fin d'une journée marquée par la très forte inquiétude de l'exécutif face à une mobilisation jugée toujours plus "incontrôlable" et "insaisissable", selon les mots du Premier ministre Édouard Philippe.
Le président Emmanuel Macron a demandé lors du Conseil des ministres "aux forces politiques et syndicales, au patronat de lancer un appel clair et explicite au calme", a rapporté le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.
"Ce qui est en jeu, c'est la sécurité des Français et nos institutions. Je lance ici un appel à la responsabilité", a dit pour sa part Édouard Philippe lors d'un discours devant l'Assemblée. "Tous les acteurs du débat public, responsables politiques, responsables syndicaux, éditorialistes et citoyens, seront comptables de leurs déclarations dans les jours qui viennent", a-t-il ajouté.
"Toute solution devra être issue du débat". Édouard Philippe a soumis aux députés dans l'après-midi une déclaration défendant ses annonces d'un abandon dans le budget 2019 de la hausse de la taxe carbone, d'un gel des tarifs du gaz et de l'électricité cet hiver, et du renoncement à durcir le contrôle technique automobile avant l'été, toutes mesures répondant à des demandes des "gilets jaunes". "La hausse de cette taxe est désormais abandonnée dans le PLF 2019. Elle ne sera pas dans le PLF 2019 et toute solution devra être issue du débat", a dit en conclusion des débats Édouard Philippe, qui n'avait pas exclu dans l'après-midi que la hausse soit inscrite dans un budget rectificatif "au printemps", à l'issue des débats conduits en région.