Nicolas Sarkozy n’est pas homme à se laisser imposer les règles du jeu, mais plutôt à les dicter. Alors pour la primaire Les Républicains, pour laquelle il n’est certes pas (encore) candidat, l’ancien président de la République, revenu dans l’arène politique en septembre 2014 avec l’Elysée dans le viseur, n’en finit plus de peser sur l’organisation du processus, ou au moins de tenter de le faire. Dernier coup de force en date : le refus, pour les Français installés à l’étranger, de pouvoir voter par voie électronique. La décision a été actée mardi soir lors d’un bureau politique déserté par les principaux candidats à la primaire et composé en grande majorité de fidèles de Nicolas Sarkozy.
Moins de bureaux de vote et moins de votants. Quelle mouche a donc piqué l’ancien chef de l’Etat, qui a par cette décision réussit l’exploit d’unir contre lui la quasi-totalité des candidats à la candidature ? L’idée, pour Nicolas Sarkozy et son entourage, est de resserrer au maximum le corps électoral susceptible de s’exprimer lors des scrutins prévus en novembre 2016. En effet, l’ex-président est plus populaire chez les adhérents Les Républicains que chez les sympathisants. En clair, moins on est proche du mouvement, moins on est enclin à voter pour son président. C’est vrai pour les Français de l’étranger, majoritairement aisés et surdiplômés, des profils traditionnellement moins attirés par la droite décomplexée d’un Sarkozy que par la droite modérée d’un Juppé.
Dans la même veine, Nicolas Sarkozy avait tenté en octobre 2015 de réduire le nombre de bureaux de vote prévus à la primaire, de 10.000 à 8.000. Trop compliqué, arguait alors le président des Républicains. En fait, il s’agissait aussi de dissuader certains électeurs potentiels de faire l’effort de se déplacer.
Bisbille sur les candidats aux législatives. Mais ce n’est pas tout. Nicolas Sarkozy a aussi essayé de faire accepter l’idée d’investir tous les candidats aux législatives de 2017 avant même la primaire. Sur ce point comme sur de nombreux autres, l’ancien président s’est retrouvé seul contre tous. Car ses (potentiels) adversaires ont vu venir l’entourloupe. Ayant, en tant que président du mouvement, la haute main sur les désignations, Nicolas Sarkozy aurait pu compter, en cas de candidature, d’autant de relais sur le terrain. Inacceptable.
A chaque fois, un recul. Et d’ailleurs, cette tentative, comme les autres, s’est avérée vaine. Hormis les sortants et une liste d’incontournables, un grand nombre de candidats à la députation seront bel et bien désignés après la primaire, avec l’aval donc du candidat à la présidentielle. En outre, le nombre de bureaux de vote sera bien d’environ 10.000, comme prévu à l’origine. A chaque fois donc, Nicolas Sarkozy a été contraint de reculer.
Et il pourrait bien faire de même s’agissant cette fois du vote des Français de l’étranger. Car le tollé des candidats est cette fois d’une ampleur inédite. "Si Nicolas Sarkozy veut enterrer la primaire, qu’il le dise", s’est ainsi emporté Frédéric Lefebvre, l’un de ses anciens fidèles, sur Europe 1 jeudi matin.
Frédéric Lefebvre : "Si Nicolas Sarkozy veut...par Europe1fr
Les réactions ont été telles que la Haute autorité de la primaire a formellement contesté mercredi la décision prise la veille. Et les Républicains ont annoncé que le bureau politique se pencherait à nouveau sur la question dans deux semaines. Cette fois, les principaux candidats à la primaire ne feront pas l’erreur de laisser la main à Sarkozy. Et l’ancien président devrait à nouveau s’incliner. Jusqu’à sa prochaine tentative.