L'islam, pomme de discorde chez Les Républicains

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De gauche à droite : François Fillon, Bruno le maire, Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez et Daniel Fasquelle © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Une convention sur le sujet se tiendra jeudi. Mais nombre de cadres estiment qu'il n'y a pas lieu d'organiser un débat sur les religions.

Ce devait être un moment d'unité et de liesse. Cela a finalement ressemblé à une réunion de famille recomposée. Le congrès de l'UMP qui s'est déroulé samedi - et a acté le nouveau nom du Parti, Les Républicains - a démontré que, quoiqu'en dise Nicolas Sarkozy, la droite rassemble aujourd'hui à une addition d'égos et d'ambitions, où chacun a un avis sur tout. La prochaine réunion de travail sur l'islam, prévue jeudi prochain, en sera une nouvelle illustration. Car tout le monde à la primaire de 2016 en tête, et il convient de faire entendre sa petite musique.

Il est urgent d'agir… Au lendemain des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, Nicolas Sarkozy avait annoncé la tenue, dans les plus brefs délais, d’une "journée nationale sur l’islam" à l’UMP. C'était début février. Et depuis, rien. Un attentisme qui s'explique : l'ex-chef de l'Etat a ainsi estimé, selon le Canard enchaîné, "que ce sujet hautement délicat pouvait donner lieu à des dérapages incontrôlés". Il était donc urgent d'attendre.

… puis de calmer le jeu. Jeudi, une petite cinquantaine d'élus discuteront pendant une demi-journée – et non plus une journée entière comme prévue initialement - avec des philosophes, des islamologues ou des responsables du culte musulmans. Et le tout à huis clos, histoire d'éviter que d'éventuelles tensions ne soient rendues publiques. Car depuis qu'il a confié à deux de ses proches, Henri Guaino et Gérald Darmanin, la charge de préparer ce dossier, Nicolas Sarkozy essuie les tirs croisés de ses rivaux à la primaire des républicains, en 2016.

"Une mauvaise idée" pour NKM. Depuis la Tunisie, où il était en déplacement début mai, François Fillon avait été le premier à frapper, appelant sa famille politique au "calme" sur les sujets de l'islam et de la laïcité. Pour l'ancien Premier ministre, les Républicains ne doivent surtout pas tomber "dans la surenchère". Nathalie Kosciusko-Morizet, numéro 2 du parti et chouchou de l'ancien président, a elle aussi estimé que cette convention était "une mauvaise idée". Une prise de distance qui a fortement agacé Nicolas Sarkozy, qui a même un temps envisagé de se séparer de son ancienne porte-parole.

Reste que si le patron des Républicains veut ostraciser tous ceux ayant des positions à contre-courant de sa ligne officielle sur les questions de l'islam ou de la fiscalité, il ne restera pas grand monde à côté de lui. "Nous ne voulons pas de femmes voilées. Autre exemple : nous ne souhaitons pas de prières dans la rue", a-t-il assuré sur Europe 1, le 19 février dernier. Puis, quelques jours plus tard, Nicolas Sarkozy se prononçait contre les menus de substitution à l'école. Un discours musclé qui ne convient pas à grand monde autour de lui.

"Arrêtons de nous focaliser sur le foulard !" Quelques heures avant la tenue du congrès, c'est son principal rival qui s'est écarté de lui. "J'étais pleinement d'accord pour interdire les signes religieux ostentatoires à l'école. Mais au-delà ? Il y a des traditions. Arrêtons de nous focaliser sur le foulard !", a lancé Alain Juppé dans Le Figaro. Et qu'en pense Bruno Le Maire, le troisième homme de la primaire ? "Est-ce qu'il faut un débat sur l'islam ? Très honnêtement, je ne crois pas que ce soit la priorité de ma famille politique", a-t-il assuré sur France 5. L'un de ses proches, contacté par Europe 1, explique que pour le député de l'Eure, "les religions doivent rester dans le cadre privé. Voilà pourquoi il ne veut pas d'un débat politique."

"On va braquer les regards sur nous !" On résume : Fillon demande de la retenue, NKM parle de "mauvaise idée", Juppé défend les traditions et Le Maire estime le sujet secondaire.  Un filloniste, joint par Europe 1, synthétise les critiques : "à quoi cela va-t-il servir d'organiser un débat ? On va braquer les regards sur nous ! On va antagoniser nos positions et les médias vont écrire qu'on ne s'intéresse qu'aux questions d'immigration pour piquer des voix au FN !" Alain Juppé l'a dit autrement, mais le message est le même : "notre société a besoin d'apaisement". Nicolas Sarkozy le sait, il est isolé sur ce sujet au sein de sa famille. Mais il sait aussi que son discours de fermeté plaît aux militants.