Les ordonnances attachées à la loi Alimentation sont "reportées" en raison du mouvement des "gilets jaunes" et seront appliquées "en janvier ou en février", avant la fin des négociations commerciales, a déclaré mercredi le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume sur CNews.
"D'autres sujets d'actualité". Au moment où le pouvoir d'achat est au cœur des contestations, ces ordonnances sur le relèvement du seuil de revente à perte et les promotions "sont reportées parce que ce matin il y a d'autres sujets d'actualité", a reconnu le ministre. Elles devaient être présentées ce mercredi en Conseil des ministres, notamment celle sur le relèvement du seuil de revente à perte et la limitation des promotions. Elles sont censées améliorer la rémunération des agriculteurs.
"Les conclusions des Etats généraux (de l'Alimentation) seront mises en oeuvre par le gouvernement et les ordonnances seront prises pendant les négociations commerciales qui ont démarré", a tenté de rassurer Didier Guillaume, deux jours après l'annonce par la FNSEA d'une manifestation nationale des agriculteurs. "Les ordonnances seront appliquées en janvier ou en février", soit avant la fin des négociations annuelles avec la grande distribution, a-t-il insisté.
Pour "une juste répartition de la valeur". "Aujourd'hui, il n'est plus possible que les agriculteurs se fassent étrangler dans les négociations commerciales, a affirmé le ministre. "Le pouvoir d'achat des agriculteurs n'est pas en opposé au pouvoir d'achat des citoyens", a-t-il dit, plaidant pour "une juste répartition de la valeur". Certains distributeurs ont longuement bataillé contre certaines dispositions de la loi Alimentation, de nature selon eux à rogner le pouvoir d'achat des consommateurs.
"Pas les mêmes revendications" que celles des "gilets jaunes". La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a annoncé lundi que les agriculteurs se rendraient "dans la rue très prochainement pour dire stop au matraquage des agriculteurs et pour que le gouvernement tienne ses promesses sur la loi Alimentation". La FNSEA doit déterminer ce mercredi le jour de la mobilisation. "Les agriculteurs ont envie de faire passer un message au gouvernement, celui de dire 'halte à l'agri-bashing', halte d'être les boucs émissaires, halte d'être toujours critiqués parce qu'on ferait trop de ceci ou cela, parce qu'on utiliserait trop de produits phytosanitaires", a estimé Didier Guillaume,
Le ministre est cependant sceptique quant à une participation des agriculteurs au mouvement des "gilets jaunes" : "ce ne sont pas les mêmes revendications. (...) Par contre il faut entendre des messages qui sont sensiblement les mêmes, parfois".