C'est une journée décisive pour l'exécutif. Après des mois de rebondissements, le très controversé projet de loi immigration, emblématique des difficultés d'un gouvernement sans majorité absolue, arrive à l'Assemblée nationale. Dix jours de débats, durant lesquels le ministre de l'Intérieur, qui porte le projet, joue sa crédibilité politique. Sauf que ce projet de loi est immédiatement menacé par une motion de rejet qui pourrait interrompre son examen dès ce lundi.
La motion de rejet "est le rejet du débat"
"Nous avons une majorité relative à l'Assemblée nationale. Mathématiquement, les oppositions réunies, quand elles s'opposent à la majorité, gagnent. Donc mathématiquement, la motion de rejet est adoptée dès cet après-midi", a commencé Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, invité de La Grande interview Europe 1-CNews lundi. Reste donc à savoir si la gauche, la droite et le Rassemblement national (RN) feront bloc autour de cette motion de rejet déposée par les écologistes. Si tel est le cas, "ce serait un déni de démocratie" et le "rejet du débat", a-t-il assuré.
Conséquence, l'examen du projet de loi et des plus de 2.600 amendements qui doivent être discutés serait d'emblée interrompu. "Ce serait quand même très particulier qu'on ne puisse pas à l'Assemblée nationale pendant 15 jours débattre d'un sujet qui passionne les Français, qu'ils soient pour ou qu'ils soient contre le projet du gouvernement", s'est-il étonné.
"Si la politique du pire est celle des oppositions, ils auront une responsabilité" en cas de drame
Les Républicains comme le Rassemblement national entretiennent le suspense mais Gérald Darmanin en est sûr "il y a des esprits dans les oppositions qui se disent 'qu'il faut débattre' d'un sujet si important". Au micro d'Europe 1-CNews, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer n'a pas hésité à pointer la future responsabilité des parlementaires en cas de drame. "Il y a des mesures très fortes dans ce texte. Si ces mesures fortes ne sont pas adoptées et que demain ou après-demain, il y a un drame, qu'une personne radicalisée étrangère qui aurait pu être expulsée grâce à cette loi ne l'aura pas été, quelle sera la responsabilité des parlementaires qui n'ont même pas voulu débattre de ce sujet ?" a interrogé le ministre de l'Intérieur.
"Si la politique du pire est celle des oppositions, si vraiment, ils ne veulent débattre d'aucun sujet, s'ils ne veulent pas qu'on parle d'immigration alors que je crois que c'est une des préoccupations des Français, les parlementaires auront cette responsabilité."
Gérald Darmanin entend défendre ce lundi un texte, visant, selon sa formule, à simplifier les recours pour expulser les étrangers (passer de 12 recours à trois) et à faciliter "l'expulsion des étrangers délinquants". "Aujourd'hui, j'en expulse 2.500 par an. Grâce à ce projet de loi, je pourrai en expulser 4.000 de plus", a-t-il avancé. Dans son projet de loi, le ministre de l'Intérieur entend aussi conditionner l'octroi d'un titre de séjour à un examen de la langue française.