"Jamais je ne voterai ça" : au sein de la majorité, composée en très large partie de La République en marche, ils sont de plus en plus nombreux à affirmer qu'ils ne soutiendront pas l'article 24 de la proposition de loi sur la "sécurité globale". Depuis plusieurs jours, ce texte porté par les députés Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot est vivement critiqué à propos de la disposition sur la diffusion d'images de policiers et de gendarmes.
Un article rajouté par Beauvau
Certains députés dénoncent un article "mal rédigé", quand d'autres travaillent à l’amender. "Je me demande à quoi il sert réellement", confiait cette semaine à Europe 1 un pilier LREM à l’Assemblée nationale.
Cet article, qui n'était pas dans la version initiale du texte, a été rajouté à la demande du ministère de l'Intérieur afin, officiellement, de protéger les policiers dans leur vie privée. En pratique, il pose néanmoins des questions en termes de libertés publiques. Gérald Darmanin, qui défend bec et ongles ce texte, "joue sur l'ambiguité pour être bien avec les syndicats de flics", dénonce un conseiller ministériel.
"Darmanin est en roue libre"
Plusieurs membres du gouvernement comprennent l’intention, mais peu se risquent désormais à soutenir publiquement cet article controversé. L'aile gauche du gouvernement est mal à l'aise. "Je l'ai soutenu publiquement au début, mais là je ne sais plus trop", lâche d'ailleurs un ministre de gauche à Europe 1. Certains ministres issus de la droite refusent même de le commenter en privé.
Il faut dire que le contexte est compliqué : mardi soir, des journalistes ont été empêchés de travailler sur une manifestation autour de l’Assemblée. Mercredi, Gérald Darmanin laissait entendre que la presse devait "se rapprocher" de la préfecture de police pour ne pas être considérée comme des manifestants. La préfecture de police de Paris a ensuite indiqué auprès du média A2PRL qu'une attestation n'était pas nécessaire.
Gérald Darmanin, temps 1 : "Si des journalistes couvrent une manifestation [...] ils DOIVENT se rapprocher" des autorités pour se signaler.
— Wladimir Garcin-Berson (@vladogb) November 18, 2020
Temps 2 : "ils PEUVENT, SANS EN AVOIR L'OBLIGATION", se signaler.
Temps 3 : la préfecture dit juste non.#PJLsecuriteglobalehttps://t.co/5dQYUJVoZhpic.twitter.com/vXI8ztoyk0
Au sein de la majorité, beaucoup attendent désormais que Matignon et l'Élysée reprennent le dossier : "Gérald Darmanin est en roue libre", tacle d'ailleurs un macroniste.