Alors que les manifestants battaient le pavé dans toute la France contre la loi Travail mardi, le Sénat a lui adopté une version durcie du texte, plus proche de sa copie originale avant son passage à l'Assemblée en première lecture. Le projet de loi El Khomri a été adopté à 185 voix contre 156 par les Sages.
"Une prise de guerre en pleine primaires de la droite". Les sénateurs socialistes, communistes, écologistes et RDSE (à majorité PRG) ont voté contre, tandis que la droite, majoritaire au Sénat a voté pour. Au nom des socialistes, Nicole Bricq a dénoncé un texte "complètement déséquilibré" par la chambre haute. "En plein débat des primaires, il vous fallait montrer vos muscles et donc faire des prises de guerre. Mais était-il bien nécessaire de revenir sur les 35 heures?", a-t-elle lancé à la majorité sénatoriale. L'écologiste Jean Desessard a, lui, dénoncé un texte qui amène au "moins disant social".
"Nous ne sommes pad dupes". En revanche, pour Alain Milon, président (LR) de la commission des Affaires sociales, le texte du Sénat "constitue une vraie réforme qui ne tombe pas dans la caricature que certains ont dénoncée". Dominique Watrin, Communiste, républicain et citoyen a critiqué pour sa part un "projet de droite qui est le frère siamois du projet du gouvernement". "Nous ne sommes pas dupes", a-t-il lancé. Dans la foulée du vote, députés et sénateurs, réunis au sein d'une commission mixte paritaire (CMP), devaient tenter de proposer un texte commun, un échec paraissant inéluctable au vu de l'évolution du projet lors de son passage devant la chambre haute.
Une version qui va être détricotée. En effet, les sénateurs ont mis fin au verrou des 35 heures, supprimé la généralisation de la garantie jeunes, partiellement vidé le compte personnel d'activité, revu à la hausse les seuils sociaux, ou encore rétabli le plafonnement des indemnités prudhommales (à 15 mois de salaire). Cette version devrait toutefois être détricotée par les députés lors d'une nouvelle lecture à partir du 5 juillet, pendant laquelle le gouvernement n'exclut pas de recourir à nouveau à l'article 49-3 pour faire adopter sa version sans vote.