Le président Emmanuel Macron a expliqué jeudi aux chefs de partis qu'il n'y avait "aucune limite", "aucune ligne rouge" au soutien de la France à l'Ukraine, en guerre contre la Russie, ont rapporté les responsables du PCF et du RN Fabien Roussel et Jordan Bardella en sortant de l'Élysée. Le président du parti d'extrême droite a assuré avoir plaidé lors de cette réunion de près de trois heures pour que "la France n'entre pas elle-même en guerre avec la Russie", critiquant par ailleurs les propos du Premier ministre Gabriel Attal qui a, selon lui, comparé le RN à "une armée d'occupation étrangère".
Le Premier ministre avait jugé la semaine dernière qu'il y avait "lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine (n'étaient) pas déjà dans notre pays", visant nommément Marine Le Pen, dans une passe d'armes tendue avec la leader du RN à l'Assemblée nationale.
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Macron a fait part de son inquiétude face à l'avancée des Russes
Selon un participant, le chef de l'État a d'abord prononcé un propos introductif d'une vingtaine de minutes détaillant, cartes à l'appui, l'état de la situation, sur le terrain, en Ukraine et faisant part de son inquiétude face à l'avancée des Russes sur le front. Emmanuel Macron a de nouveau insisté sur le besoin de sursaut pour soutenir Kiev et évoqué les cyberattaques menées par Moscou en Europe et en particulier en France. Le président a ensuite échangé avec les chefs de partis.
Des participants inquiets
Le patron des communistes Fabien Roussel a de son côté regretté en sortant de l'Elysée que deux ans après l'invasion russe de l'Ukraine "la position de la France a changé : il n'y a plus de lignes rouges, il y a plus de limites". Selon la cheffe des Écologistes Marine Tondelier, le chef de l'État a expliqué que "comme nous avions en face de nous Vladimir Poutine, qui manifestement est sans limite", s'en "fixer nous-mêmes", "intérioriser des limites" serait "lui donner un avantage comparatif". Elle a jugé "extrêmement inquiétant de voir un président de la République français qui explique, face à quelqu'un qui détient l'arme nucléaire que nous détenons nous-mêmes, qu'il faut montrer que nous sommes sans limite".
"Je suis arrivé inquiet et je suis ressorti plus inquiet encore puisque le président de la République, loin de revenir sur les déclarations qui étaient les siennes la semaine dernière, les a confirmé", a relevé de son côté le coordinateur politique de La France insoumise, Manuel Bompard. Quant au président des LR, Éric Ciotti, il a dénoncé "une instrumentalisation aux fins de campagne électorale pour les élections européennes".