Il était sous pression, depuis la candidature de Manuel Valls. En meeting samedi Porte de Versailles à Paris, Emmanuel Macron a retourné le compliment à ses concurrents et rivaux. D'abord par le nombre : 14.000 selon les organisateurs, sans doute un peu moins en réalité. Mais c'est déjà beaucoup plus que François Fillon, qui a réuni 3.000 spectateurs, et beaucoup plus que Manuel Valls, où seulement 350 personnes étaient présentes pour son premier meeting à Audincourt.
Macron, combien de divisions ? C'est la question que posaient ses adversaires, qui sous entendaient que En marche ! était un mouvement virtuel. Samedi, Emmanuel Macron a répondu et mis un point final à la polémique.
La pression a changé de camp. Ce qu'on souligne dans son équipe, c'est qu'il va maintenant être difficile pour Valls, Montebourg et tous les autres concurrents de la primaire de la gauche de faire mieux. La faute à des problèmes d'organisation. Le parti a de moins en moins de militants, quelques dizaines de milliers tout au plus, il est démotivé, démobilisé par ces cinq années au pouvoir. En réalité, la pression a changé de camp. Elle est désormais sur le PS. Et Jean-Christophe Cambadélis, le patron du parti, apparaît très ennuyé. Elle est aussi et surtout sur les adversaires socialistes de Macron. Avec ce meeting de la Porte de Versailles, le plus important en affluence de cette campagne présidentielle, l'ex-ministre de l'Économie leur a lancé un véritable défi : celui de la mobilisation. Un défi difficile à relever.
Plus de débat sur sa présence ou non à la primaire. Emmanuel Macron a définitivement décidé de ne pas aller à la primaire. Il estime que, quand on est capable de mobiliser autant de partisans, il n'y a aucune raison de se prêter au jeu des socialistes. Il y a quand même eu débat après le renoncement de François Hollande et la candidature de Manuel Valls, quelques jours d'hésitation, mais Emmanuel Macron a décidé de tenir bon. Le meeting de samedi lui donne raison.
Des propositions, il y en a. Il y avait une autre critique, celle de l'absence de programme. Là encore, il a répliqué à ses détracteurs, faisant beaucoup de propositions : baisse des charges, autonomie complète des universités, embauche de 10.000 policiers et gendarmes. Cela n'est pas encore un programme, mais il s'agit déjà d'un ensemble de mesures. Beaucoup de ses concurrents, notamment Manuel Valls, en sont encore loin.
Un joli coup. Pour résumer, c'est incontestablement un joli coup qu'a réussi Emmanuel Macron. Certes, il a pris ses distances avec les méthodes de la politique traditionnelle, mais il a montré Porte de Versailles qu'il est aussi capable de descendre sur le ring. Il montré ses muscles, il a donné de la voix… Même un peu trop, sur la fin, avec cette voix cassée moquée sur les réseaux sociaux.
Un tournant dans la campagne. Mais l'essentiel n'est pas là. Samedi, un tournant a eu lieu dans la campagne. Emmanuel Macron a montré qu'il était soutenu, qu'il n'a pas peur du rapport de forces. Au tour maintenant de ses rivaux de faire leur démonstration de force, de montrer qu'ils ont autant de soutien. Cela s'annonce déjà très compliqué.