Emmanuel Macron a annoncé lundi, après le rapport alarmant des experts de l'ONU, une série d'actions pour protéger la biodiversité, dont la lutte contre le gaspillage, la production de déchets et le plastique ainsi qu'"un changement profond" des modes de production. Dans une déclaration à l'Élysée après avoir reçu les experts de l'ONU sur la biodiversité (IPBES), le chef de l'État a aussi annoncé une "revue des aides fiscales et budgétaires" à l'aune de ces objectifs, estimant que "ce qui est en jeu est la possibilité même d'avoir une Terre habitable".
Un rapport, dévoilé lundi par des experts de l'ONU, constate qu'un million d'espèces animales et végétales sont menacées d'extinction, à moins de changements majeurs de société.
"Un changement dans nos modèles de production"
"La biodiversité est un sujet aussi important que le changement climatique et nous ne pouvons gagner cette bataille qu'en œuvrant sur tous les leviers", a dit le président, citant trois orientations principales. D'abord, la lutte contre le gaspillage alimentaire. "Nous devons très profondément changer nos modèles en luttant encore plus activement contre le gaspillage alimentaire partout dans l'économie", au niveau notamment "des écoles, des restaurateurs et des distributeurs", a-t-il demandé.
Emmanuel Macron souhaite aussi "un changement dans nos modèles de production", ce qui n'est "jamais facile car nous vivons sur un modèle de production qui n'était pas conforme à cette prise de conscience", a-t-il dit. Il a cité l'exemple du glyphosate, répétant que la France souhaitait mettre fin à son usage dans 3 ans.
"Une revue des aides fiscales et budgétaires"
Le président de la République a aussi réaffirmé l'objectif de réduire les phytosanitaires de 50% en France d'ici 2025 - but qui figure dans les plans "Ecophyto" engagés depuis 2007. Il a par ailleurs annoncé vouloir porter la part des aires marines et terrestres protégées à 30% du territoire d'ici 2022 (contre 20% actuellement ndlr) dont un tiers "protégées en pleine naturalité". Il veut aussi "accroître la lutte" contre la réduction des terres agricoles au profit de la construction.
"J'ai demandé un bilan pour se fixer des objectifs en matière de lutte contre l'artificialisation et une réhabilitation de 25% des sols agricoles dégradés par l'utilisation passée de phytosanitaires", a-t-il précisé. Plus globalement il a annoncé une "revue des aides fiscales et budgétaires" à l'aune de ces objectifs.
Le projet Montagne d'or en l'état "pas compatible" avec l'environnement
Le projet controversé d'extraction d'or en Guyane n'est en l'état "pas compatible" avec des ambitions écologiques, a également souligné le chef de l'État. "Il y aura une évaluation complète pour le prochain conseil de défense sur ce sujet et une décision formelle et définitive sera prise, en concertation avec le territoire", a-t-il ajouté. Le ministre de la Transition écologique François de Rugy, qui avait annoncé en février que le gouvernement prendrait position sur le sujet d'ici l'été, doit se rendre sur place en juin pour discuter avec les acteurs. Il avait lui-aussi souligné en avril sur BFMTV que le projet ne rentrait "pas dans nos standards environnementaux".
Montagne d'Or, le plus important projet de mine d'or à ciel ouvert français, à l'étude en Guyane, prévoit l'exploitation d'une mine de 2,5 km de long, à partir de 2022, au sud de Saint-Laurent-du-Maroni, en forêt tropicale, via un procédé de récupération de l'or par cyanuration en circuit fermé. Le chef de l'Etat avait déjà jugé le 1er février que le projet n'était "pas au meilleur niveau" en matière de respect de l'environnement.