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avec AFP / Crédits photo : Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Emmanuel Macron a reçu Bernard Cazeneuve lundi matin, avant Xavier Bertrand dans l'après-midi, mais son entourage n'exclut pas qu'une troisième personnalité puisse finalement être choisie pour devenir le Premier ministre dans une configuration jugée quasi-ingouvernable.

Vers un dénouement pour Matignon ? "L'idée générale est de regarder si les hypothèses Cazeneuve et Bertrand sont viables au regard du critère de stabilité", dit un proche du président de la République. Avant de prévenir qu'il "peut bien sûr avoir d'autres noms en tête". Lundi matin, le nom du président du Conseil économique, social et environnemental, Thierry Beaudet, ancien responsable mutualiste, commençait à circuler dans l'hypothèse d'un profil moins politique. Le chef de l'État a déjà échangé avec lui dans le cadre de ses précédentes discussions institutionnelles, a fait savoir son entourage.

 

D'autres échanges prévus dans l'après-midi

Ouvrant le bal des consultations de lundi, présentées comme les dernières, Bernard Cazeneuve est resté une heure quinze à l'Élysée, raccompagné jusqu'au vestibule par M. Macron qui lui a fait la bise avant qu'il ne s'engouffre dans sa voiture, ont constaté des journalistes de l'AFP. Le président et l'ex-Premier ministre socialiste se connaissent bien et entretenaient des relations confiantes au début de la présidence de François Hollande.

Emmanuel Macron a du reste reçu dans la foulée son prédécesseur socialiste, qui ne devait pas le dissuader de nommer Bernard Cazeneuve. Au contraire de Nicolas Sarkozy arrivé à 12H15 dans un chassé-croisé très politique, et qui plaide, lui, pour un Premier ministre de droite.

Dans le cadre de ces consultations, huit semaines après les législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale sans majorité, des échanges sont aussi prévus dans l'après-midi avec des dirigeants de son camp, dont le président du MoDem François Bayrou. Voire avec d'autres forces politiques, avant une nomination à Matignon qui pourrait intervenir mardi.

Un profil moins politique ?

Un temps privilégiée, l'option Cazeneuve semble donc moins évidente à la veille de la décision. "Bernard Cazeneuve n'est pas demandeur mais s'il le fait, c'est par devoir et pour éviter des difficultés supplémentaires au pays", avait indiqué dimanche son entourage.

Emmanuel Macron est à la recherche d'un Premier ministre qui puisse ne pas faire l'objet d'une censure immédiate à l'Assemblée nationale. C'est en avançant ce motif qu'il a écarté la nomination de Lucie Castets, présentée par les formations du Nouveau Front populaire (LFI-PS-Ecologistes-PCF), alliance de gauche arrivée en tête des législatives. L'ex-Premier ministre socialiste pourrait bénéficier d'un soutien tacite d'au moins une partie des socialistes, outre celui du camp présidentiel et d'une partie de la droite.

Le patron du PS, Olivier Faure, est resté très réservé lundi, concédant seulement qu'il y "réfléchirait" si M. Cazeneuve "obtient l'abrogation" de la réforme des retraites. Mais il a dit redouter qu'il soit "en réalité prisonnier d'une majorité, une coalition, celle d'Emmanuel Macron". Ce dernier veut de fait que son "bloc central" fasse partie de la future majorité, et s'inquiète de voir son bilan détricoté, lui qui est arrivé à l'Élysée il y a sept ans justement pour tourner la page du hollandisme et plus largement de ce que la Macronie nommait avec dédain "l'ancien monde". "Il faut inventer une troisième forme de Ve République : ni coalition, ni cohabitation", plaide son entourage.

Ministre de l'Intérieur pendant les attentats de 2015, puis Premier ministre des derniers mois du quinquennat de François Hollande, M. Cazeneuve, 61 ans, a quitté le PS en 2022, farouchement opposé à l'alliance avec LFI.

Macronistes "défroqués"

"Il appartient à l'ancien monde du hollandisme dont nous voulons tourner la page", a sans surprise répété lundi la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, sur France 2.

Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, responsable du parti de droite Les Républicains âgé de 59 ans, sera reçu à 15H30. Il n'a pas caché que la fonction l'intéressait et l'ex-président Sarkozy a jugé que ce serait "un bon choix". Mais ce tenant d'une droite gaulliste et sociale n'a pas l'appui des dirigeants LR, Laurent Wauquiez en tête, qui veulent arriver en opposants à la présidentielle de 2027 et refusent toute coalition ou participation au futur gouvernement.

Pour le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy, MM. Cazeneuve et Bertrand "sont des macronistes plus ou moins défroqués". Si le parti d'extrême droite pourrait ne pas censurer immédiatement un nouveau Premier ministre, il le ferait "sans doute" au moment du budget, a-t-il ajouté sur TF1.

L'impopulaire retraite à 64 ans fera notamment partie des sujets délicats à aborder. Pourquoi pas un "gel" de la réforme et de nouvelles discussions avec les syndicats, plutôt qu'une abrogation pure et simple, a avancé dimanche le député PS Jérôme Guedj. Le temps presse pour un nouveau gouvernement car le budget 2025 doit être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard.