"En marche !" Emmanuel Macron a lancé mercredi son mouvement qui n'est ni tout à fait un parti ni vraiment un think tank. Désormais, il est certain que l’ancien banquier de Rothschild ne reviendra pas à la finance, puisqu'il se lance en politique.
Un nouveau combattant dans l'arène. "Macron Ras-le-Bol ?!", disait Martine Aubry. Pourtant, aujourd'hui il va lui falloir entrer dans l’arène si elle veut le combattre. C'est la même chose pour les frondeurs : Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et consorts, car Emmanuel Macron entre en politique. Son mouvement n’est pas un parti traditionnel. La singularité du banquier d’affaires est de n’appartenir à aucun parti, et surtout pas au PS. Sa force ? C’est de séduire à gauche, au centre et même à droite : Jean-Pierre Raffarin, soutien d’Alain Juppé, ne l'avouera pas mais il aurait voté la loi Macron des deux mains. François Fillon ne fait pas un meeting sans qu’on lui suggère de prendre Macron pour Premier ministre. Dans les quartiers, Macron séduit aussi, là où le PS vante l’emploi aidé pour entrer dans la fonction publique, les jeunes préfèrent son discours sur l’aspiration à chacun à devenir milliardaire. La force d’Emmanuel Macron, c’est qu’il correspond à l’attente du moment. Pour 46% des Français il est le plus à même de représenter la gauche, selon un sondage ELABE publié mercredi.
Le Hollandais volant. Le ministre a informé François Hollande de sa démarche il y a plusieurs semaines. Pour autant, il ne vise pas 2017. Emmanuel Macron est loyal, et il sait qu'il doit à François Hollande son ascension. Leur relation est ancienne et solide. À l'été 2011 le candidat François Hollande, alors en déplacement sur une étape du Tour de France, avait passé une heure au téléphone avec Emmanuel Macron pour peaufiner une tribune dans le JDD sur le sauvetage de l’euro. François Hollande a développé une relation quasi filiale avec son ministre. Il le sermonne parfois mais il lui passe aussi ses excès. Macron est par exemple l’un des seul ministre à parler de tous les sujets y compris ceux qui sortent de son champ de compétence.
Quel avenir ? "En Marche" a vocation, à terme, à présenter des candidats. C’est un parti politique d’un nouveau genre, un parti de citoyens, pas un parti d’élus. Le PS ne veux pas de Macron ? Mais Macron ne veut pas du PS non plus. Il juge les partis traditionnels dépassés. C’est un pari, un pari risqué avec beaucoup d’ennemis pour lui barrer la route : Manuel Valls le premier bien sûr, mais tout les socialistes avec lui. Du côté des ministres ont doute déjà de son avenir politique : "C’est un Kouchner, un Borloo… des mecs comme lui qui jouent les rénovateurs il y en a eu beaucoup qui n’ont jamais rien fait", "Qu’il mette les pieds dans la glaise !", ou encore : Macron ?, "c’est un gestionnaire de fortune". La réponse d’Emmanuel Macron, c’est de jouer l’opinion contre les élus, un pari aussi audacieux que risqué. Jusqu’où ira-t-il ? C’est une vraie question. Sans doute, le responsable a-t- il a un prédécesseur célèbre en tête, un homme qui fut banquier chez Rothschild, Premier ministre et président de la République : Georges Pompidou.