Emmanuel Macron a justifié jeudi l'interdiction de manifestations pro-palestiennes en France par la nécessité d'un "délai de décence" après les massacres d'Israéliens par le Hamas et le risque d'infiltration par des "éléments ultraradicaux". "Je pense qu'il y avait un délai de décence, il y avait eu une attaque terroriste, c'était pas bon", a-t-il expliqué lors d'un échange avec des étudiants dans la rue à Paris, dont un journaliste de l'AFP a été témoin.
"Je pense qu'on a plutôt envie de se regrouper"
"Je vois des gens qui veulent manifester de manière pacifique, mais dedans se greffent des éléments hyper radicaux qui vont aller brûler les drapeaux d'Israël, défendre le Hamas", a-t-il ajouté. Le Conseil d'État a retoqué mercredi le gouvernement, arguant que les manifestations propalestiniennes ne pouvaient être interdites systématiquement et qu'il revenait aux seuls préfets d'apprécier s'il y avait localement un risque de troubles à l'ordre public.
Le 12 octobre, cinq jours après l'attaque sanglante perpétrée en Israël par le Hamas, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait donné consigne aux préfets d'interdire les "manifestations pro palestiniennes, parce qu'elles sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public". "Dans toutes les capitales où il y a des manifs, il y a des éléments très durs qui arrivent et qui font les pires trucs", a ajouté le chef de l'État lors de son échange avec des étudiants en BTS de Gagny (Seine-Saint-Denis).
"Est-ce qu'on a envie de voir ça maintenant ? Moi, je pense qu'on a plutôt envie de se regrouper", a poursuivi Emmanuel Macron. "C'est beaucoup plus utile de faire ce qu'on fait, nous, d'avoir une voix qui défend la paix, l'arrêt des hostilités, la lutte contre le terrorisme, mais de manière ciblée et le respect des populations civiles", a-t-il relevé. "C'est beaucoup plus efficace que de se déchirer".
Le président français avait jusqu'ici invoqué le "droit d'Israël de se défendre". Il a aussi appelé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à riposter par des "actions ciblées" contre le Hamas à Gaza et à "épargner" les civils. Il n'avait en revanche pas évoqué publiquement un "arrêt des hostilités".