Dans une tribune publiée sur le site de Libération au mois de mars, Jean-Luc Mélenchon appelait à sortir des traités européens, qualifiés de "stupides" par le leader de La France insoumise. "Notre opposition aux traités européens n'est pas dogmatique. Nous ne sommes pas opposés à la coopération entre les peuples", assure aujourd'hui Manon Aubry, tête de liste LFI aux élections européennes et invitée du Grand Rendez-Vous Europe 1/CNews/Les Echos dimanche.
Les "traités européens sont problématiques"
Mais selon elle, "ces traités européens sont problématiques". Et d'énumérer : "Ils empêchent d'investir massivement dans la transition écologique à cause de la règle du déficit de 3% (du PIB, ndlr), ils empêchent l'harmonisation sociale et fiscale, ils empêchent de protéger nos services publics en les mettant en concurrence, ils empêchent de faire du protectionnisme solidaire en plaçant le libre échange dans l'ADN même des traités…"
Manon Aubry rappelle par ailleurs que ces traités ont été "refusés en France" en 2005, lors du référendum sur le traité constitutionnel européen : "55% de 'non' en France, qui ont été compris comme un 'oui' par les gouvernants." "Nous sommes un peu les héritiers de ce 'non' en 2005", plaide-t-elle. À savoir, "ceux qui sont en faveur d'une coopération européenne mais pas sur une base de concurrence, de libre échange".
Ce constat établi, la candidate LFI soulève deux options possibles pour faire évoluer ces traités. La première consiste à renégocier "collectivement ces traités pour en avoir de nouveaux qui placent le protectionnisme solidaire, l’harmonisation sociale et fiscale, la transition écologique" au centre. La seconde serait de faire connaître à "la Commission européenne et l’Allemagne, qui joue un rôle majeur dans les négociations européennes" les différentes dispositions que nous n’appliquerons pas".
"Un député européen ne peut pas changer les traités européens"
Mais tout cela n'est possible que "dans une hypothèse où nous avons le pouvoir en France", reconnaît Manon Aubry. Car "non, un député européen ne peut pas changer les traités européens". "En revanche, le pouvoir exécutif en France, fort de son poids économique dans l'Union européenne" a le pouvoir d'agir ainsi. "Ça n'a jamais été tenté !" Et sur les conséquences que pourrait avoir la mise en place d'un tel rapport de force avec l'Union européenne, l'ancienne porte-parole d'Oxfam se veut rassurante : dans les traités, "il n'y a pas d'article qui prévoit l'exclusion" d'un pays de l'Union européenne.