"Je demande à tous les progressistes, à la gauche réformiste et à toute la gauche, de se ressaisir. C’est pour cela que notre primaire ne doit pas se résumer à de petits calculs d’appareils. Elle doit donner un élan, de l’espoir. Il faut se préparer au face à face. Je m’y prépare, j’y suis prêt". Dans une interview au Journal du Dimanche, Manuel Valls met une nouvelle fois la pression à François Hollande. Le Premier ministre, qui souhaite que la gauche mette "le FN sur la touche dès le premier tour de la présidentielle", en appelle à ce qu'"une dynamique" soit créée autour de la primaire du PS. François Hollande peut-il le faire ?
"La loyauté n’exclut pas la franchise". "J’ai des rapports de respect, d’amitié, et de loyauté avec le président. Mais la loyauté n’exclut pas la franchise. Force est de constater qu’au cours de ces dernières semaines, le contexte a changé. La parution du livre de confidences a créé un profond désarroi à gauche", répond le chef du gouvernement, dont la candidature semble se profiler de jour en jour. S'il n'a pas encore fait part de ses intentions précises, il assure en tout cas qu'il est prêt. Et il laisse entendre que François Hollande l'est beaucoup moins.
"Comme chef de la majorité, ma responsabilité est de tenir compte de ce climat. Face au désarroi, au doute, à la déception, à l’idée que la gauche n’a aucune chance, je veux casser cette mécanique qui nous conduirait à la défaite. Je n’oublie pas que le Président a été élu par les Français en 2012. Mais toute candidature doit intégrer le rapport avec les Français, avec la gauche, avec notre famille politique. Toute décision qui ferait fi de ces trois dimensions apparaîtrait comme bancale ou fragile. Me concernant, j’intègre en permanence ces trois éléments", avance Manuel Valls.
"C'est une question de jours". Le Premier ministre dit clairement qu'il communiquera sa décision bientôt. "C’est une question de jours", promet-il. Mettrait-il la pression sur le président de la République ? "Le moment est grave et historique. Chacun doit en être conscient. Je mets la pression sur chacun d’entre nous", glisse Manuel Valls. "La question n’est pas seulement celle de l’envie, mais bien celle de la responsabilité historique qui doit prendre en compte l’intérêt de la France et de la gauche", martèle-t-il encore.
Doit-on comprendre qu'il serait prêt à se lancer même face au chef de l'Etat, comme le demande Claude Bartolone ? "Chacun doit mener ses réflexions en responsabilité. Je prendrai ma décision en conscience. Quoiqu’il arrive, le sens de l’Etat m’animera toujours", répond-il. Et de conclure : "Claude Bartolone est un ami. Il est le président de l’Assemblée nationale. Sa parole est importante. Il nous appelle à réfléchir, sans tabous".