Pour la deuxième fois en l'espace de quelques jours, Jean-Marie Le Pen a obtenu gain de cause devant la justice. La semaine dernière, le tribunal de Nanterre avait annulé sa suspension du Front national. Mercredi, il a suspendu l'Assemblée générale extraordinaire qui était censée aboutir à son éviction des instances du parti. Dit autrement, le psychodrame continue au sein du parti d'extrême droite. Une bien mauvaise nouvelle pour Marine Le Pen.
Deux options pour Marine Le Pen. Pendant des semaines, la direction du FN a balayé d'un revers de la main les velléités judiciaires du "Vieux", Marine Le Pen parlant sur Europe 1 d'un "simple baroud d'honneur". Depuis, la patronne du FN vit un véritable cauchemar. Elle a désormais deux options sur la table, et aucune ne lui convient. La première, c'est de laisser à son père son statut de président d'honneur du FN. Et donc le laisser continuer à participer à la vie du mouvement. La seconde, c'est d'organiser une assemblée générale physique pour rénover les statuts du FN, comme elle en avait l'intention avant que la justice ne mette son grain de sel.
"On ne s'en débarrassera jamais". Problème : organiser un congrès, c'est tout ce qu'elle veut éviter. Cela impliquerait la présence de milliers de militants dans une salle surchauffée, avec tous les médias du pays braqués sur le FN. Et, surtout, cela offrirait une tribune à Jean-Marie Le Pen, qui pourrait prendre la parole devant la base militante, qu'il pense encore acquise à sa cause. Or, ce qu'elle cherche depuis des mois, c'est justement l'inverse : bâillonner ce père devenu trop encombrant. "On ne s'en débarrassera jamais", soupire un proche de Marine Le Pen.
Cette dernière reste donc, pour le moment, sur le terrain juridique, en faisant appel de cette décision. Et en se posant en victime, une spécialité frontiste : "La justice semble dépenser beaucoup d’énergie à conserver à Jean-Marie Le Pen sa capacité de nuire au Front National, faisant fi du comportement et des propos tenus par ce dernier".