Fin du suspense. Marine Le Pen a proposé dimanche, en clôture du congrès du Front national, un nouveau nom pour son mouvement. Cette nouvelle appellation, annoncée depuis plusieurs semaines mais jusqu'alors gardée secrète, c’est "le Rassemblement national". Il faudra sans doute s’y habituer, car si les adhérents FN doivent désormais valider ce nouveau nom en votant par voie postale, il est peu probable qu’ils aillent à l’encontre de leur présidente, réélue à ce poste samedi. Il faudra toutefois encore patienter, puisque la validation des résultats n'est pas attendue avant six semaines. Une certitude, tout de même : la flamme tricolore reste l'emblème du mouvement.
"Exprimer notre volonté de rassemblement". Marine Le Pen a choisi la toute fin de son (long) discours de clôture pour dévoiler ce nouveau nom. "Le mot national me semble devoir y figurer impérativement", a d'abord lancé la députée du Pas-de-Calais. "A l’heure où la France vit une recomposition politique, il doit exprimer notre volonté de rassemblement", a-t-elle ensuite lancé. La suite allait de soi : "je vous propose que le Front national devienne le Rassemblement national".
Avant cela, Marine Le Pen avait justifié ce choix de changement, validé de justesse par les adhérents, avec 52% de réponses positives. "Ce nom, Front national, est pour beaucoup de Français, même de toute bonne foi, un frein psychologique", a expliqué la fille du cofondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, déchu de sa présidence d'honneur. "Ce nom doit être un cri de ralliement", a-t-elle ajouté. Cette nouvelle dénomination illustre aussi la nouvelle stratégie qu'adoptera le FN dans le futur : des alliances pour pouvoir enfin crever ce plafond de verre électoral auquel se heurte encore le mouvement, d'élections en élections. "Notre objectif est clair, c'est le pouvoir", a affirmé Marine Le Pen.
"Davantage de cadres". Au-delà du nom, Marine Le Pen a aussi annoncé que le fonctionnement même du parti allait évoluer. "Il faut disposer de davantage de cadres, de produire plus de contenus de haute tenue, notamment des programmes pour les européennes, les municipales, les départementales et les régionales. Il faut mettre en place une organisation rénovée avec des pratiques plus collégiales. Sur tous les territoires, il faut des cadres de tous les âges, de tous les milieux doivent émerger les cadres", a –t-elle énuméré. "La rénovation pour laquelle vous m'avez élue, je vous demande maintenant de la conduire à son terme, c'est la condition de notre succès" .
L'affaire Davy Rodriguez. Cela dit, ce congrès de Lille, celui de la refondation, a montré que le Front national n’était pas encore débarrassé de ses vieux démons. Après la venue de Steve Bannon, chantre de l’extrême droite américaine, samedi, un incident et venu troubler le jeu dimanche. Une vidéo diffusée dans la matinée sur internet montre en effet Davy Rodriguez, l’un des assistants parlementaires de Marine Le Pen, en train de proférer une insulte raciste ‘Cette espèce de nègre de merde) à l’endroit du vigile d’un bar de Lille. D’abord hésitants, les dirigeants frontistes ont ensuite choisi la fermeté. Ils ont condamné l’attitude du jeune homme, qui a été suspendu à titre provisoire. Le principale intéressée, lui, crie à la cabale politique.