Cinq années et puis s'en va. Marion Maréchal-Le Pen annonce qu'elle quitte son mandat de cheffe de l'opposition au Conseil régional de Paca, dans un courrier adressé mardi à Vaucluse-Matin et au Dauphine Libéré. En plus de ce départ, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen indique qu'elle n'est pas candidate à un nouveau mandat de députée du Vaucluse, elle qui siège à l'Assemblée nationale depuis 2012.
A 27 ans, la benjamine du Palais-Bourbon justifie d'abord ce choix par sa volonté de consacrer plus de temps à sa fille, née en 2014. Mais elle assure également vouloir "autre chose" que la politique : "j’aime le monde de l’entreprise, je n’ai jamais cessé de le défendre durant mon mandat et j’aspire aujourd’hui à y travailler", explique la députée, qui incarne au Front national une ligne économique plus libérale que celle prônée par sa tante, Marine Le Pen. Elle avait déjà exprimé à de nombreuses reprises son envie de se lancer dans le monde du privé.
" J’aime le monde de l’entreprise et j’aspire aujourd’hui à y travailler "
Une stature politique très importante à l'extrême-droite. Marion Maréchal-Le Pen en a fait l'annonce aux instances frontistes réunies mardi comme à ses proches ces jours-ci, a indiqué une source frontiste. Apparue au grand jour en 2012 en étant fortement poussée par son grand-père Jean-Marie Le Pen à être candidate dans la 3e circonscription du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen a été la seule députée FN à être élue au Palais-Bourbon, aux côtés de l'apparenté Gilbert Collard. Elle avait ensuite échoué de peu à remporter la région Paca, en 2015, mais elle était parvenue à devenir la cheffe incontestée de l'opposition au sein du conseil régional.
"J’espère qu’elle reviendra dans le débat politique". Au sein du Front national, ce départ divise. Jean-Marie Le Pen y voit clairement une "désertion" quand d'autres se montrent plus mesurés. "Marion a bien prouvé en faisant ça qu’elle n’avait pas du tout l’ambition de prendre la place de sa tante", analyse par exemple Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du parti et députée européenne du Sud-Est. "Elle a été une excellente députée, j’espère qu’elle reviendra à un moment ou un autre dans le débat politique parce qu'on a besoin d'elle", rétorque Bruno Gollnisch. Tout le contraire de Jany Le Pen, l'ex-femme de Jean-Marie Le Pen, qui l'encourage dans sa décision. "J’ai envie de lui dire : 'Mon dieu, fais comme moi, ne joue pas à Jeanne d’Arc et reste en dehors de la politique !'".
Un "séisme interne à venir" au sein du FN. Plusieurs élus FN ont évoqué un "séisme" interne à venir, vu le poids politique de la jeune élue, régulièrement acclamée dans les meetings Front national auxquels elle participe et vue par beaucoup comme une porte d'entrée du FN sur une partie de l'électorat de droite traditionnel sur lequel lorgne le parti. "Ça fait très longtemps que ça couve, ça a été repoussé (...). Elle ne sert que de caution et il n'y pas grand-chose qui change au FN. Au moins les gens ne seront pas dupes", a assuré un élu FN sudiste, voyant en elle un "fusible" retenant certains frontistes qui ont "l'espoir d'un changement" de ligne du parti.
Ça fait très longtemps que ça couve
Se prouver à elle-même "qu'elle n'est pas une petite Le Pen". "Maintenant, c'est à nous de réfléchir sur un départ. Je ne veux pas rester pour maintenir les 35 heures, la retraite à 60 ans, l'ISF, et défendre une sortie de l'euro sous huitaine", a encore dit cet élu. "Elle veut se prouver à elle-même qu'elle n'est pas qu'une petite Le Pen. On ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir joué le jeu collectif" en faisant campagne pour sa tante jusqu'au second tour, a souligné aussi un conseiller régional FN élu sur les listes Paca. "Il y a des gens que ça va arranger", comme son rival interne Florian Philippot, mais "dans le Sud ça va être compliqué, les gens vont pas forcément comprendre", s'est inquiété cette source.
Pas de départ définitif. "Elle veut se consacrer à sa famille, et puis aller dans le privé, avoir une expérience professionnelle, quitte après à revenir", selon un proche. D'ailleurs, dans son courrier à Vaucluse-Matin, Marion Maréchal-Le Pen précise qu'elle souhaite sortir du monde politique "quelques temps", et pas définitivement : "je ne renonce pas définitivement au combat politique", conclut-elle.