L'État va verser 120 millions d'euros au conseil départemental de Mayotte, pour compenser le transfert de compétence en matière de protection maternelle et infantile (PMI), a annoncé jeudi la ministre des Outre-mer Annick Girardin, en déplacement sur l’île.
Système de santé alarmant. "La PMI de Mayotte est la plus importante PMI de France par son activité", a dit la ministre, qui a posé la première pierre de la nouvelle PMI de Vahibé, avant de signer une convention dans laquelle "l'État reconnaît le droit à compensation" de la compétence en matière de PMI transférée au conseil départemental en 2009.
"Les chiffres de la santé à Mayotte sont alarmants", a-t-elle affirmé. Elle a ainsi cité les "10.000 naissances prévues" pour 2017, un "taux de mortalité infantile et maternelle quatre fois plus élevé qu'en métropole", une population où "plus de la moitié des habitants a moins de 20 ans". "Des indices de fécondité élevés", une "couverture vaccinale faible chez les plus jeunes" sont également des facteurs d'inquiétude. "Plus de 80% de la population mahoraise vit sous le seuil de pauvreté", a dit la ministre. "Cela n'est pas acceptable. Cela n'est pas tolérable", a-t-elle déclaré.
Coopération avec les Comores. "De nombreuses mères originaires des Comores viennent accoucher à Mayotte. L'accès à la santé dans les conditions prévues par les lois de la République est à l'évidence un facteur d'incitation à la migration, qui a des conséquences sur le système de santé mahorais", a-t-elle dit. "Aider les Comores à développer sur leur territoire une offre de santé est l'un des enjeux de la coopération régionale", a ajouté la ministre.
Renforcer les effectifs. Elle a cité les besoins en effectif des PMI de Mayotte, qui ne compte que "trois postes de médecins occupés sur les 12 budgétés, huit postes de sages-femmes sur les 20 budgétés, 21 infirmiers diplômés d'état (IDE) sur les 24 prévus", et "un pharmacien". L'enveloppe de 120 millions d'euros "doit servir à répondre aux urgences", a-t-elle dit en citant notamment "le lancement des travaux pour la rénovation des structures déjà existantes, la remise en état de fonctionnement optimal des équipements, la mise en conformité aux normes d'hygiène".
L'argent doit aussi permettre de "relancer le processus de recrutement de personnel soignant et les aides à la formation", afin notamment de "baisser le délai de rendez-vous pour le suivi de grossesse (aujourd'hui estimé à 2/3 mois)". A plus long-terme, les crédits de compensation permettront de "mieux établir la répartition géographique des PMI" et de "financer l'ensemble des secteurs mahorais dédiés à la petite enfance", a-t-elle ajouté.