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Alors que le chef de l'État s'apprête à recevoir vendredi les différents chefs de partis en vue de la nomination d'un nouveau Premier ministre, la France insoumise a menacé d'entamer une démarche pour destituer Emmanuel Macron. Mais le Parti socialiste, son allié, a déjà écarté cette hypothèse, comme le confirme Rémi Cardon, porte-parole du PS lors de la Grande interview d'Europe 1 ce mardi.
INTERVIEW

Faut-il engager une procédure de destitution d'Emmanuel Macron pour sanctionner son refus de nommer Lucie Castets à Matignon et sa prétendue dérive autoritaire, comme le prétend le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon ? La proposition a fleuri ce dimanche dans un texte publié dans La Tribune. Un "avertissement solennel", selon les co-signataires mais qui n'est pas du goût de tous. Encore une fois, des dissensions apparaissent au sein de la jeune alliance du Nouveau Front Populaire.

Contexte politique compliqué

Pour Rémi Cardon, sénateur socialiste de la Somme et porte-parole du PS, une telle proposition - et sa potentielle réussite - est illusoire. Interrogé par Lionel Gougelot dans la Grande interview ce mardi, il assure : "Je ne pense pas que cette proposition soit nécessaire dans un contexte politique déjà assez compliqué. Il faut plutôt s'organiser sur comment on va entamer des discussions le 23 août avec le président de la République."

"Dans la tradition républicaine, le moyen de sanctionner une politique ou un gouvernement qui n'est pas adapté aux attentes des Français par rapport aux derniers résultats électoraux, ça s'appelle une motion de censure. Pas besoin de partir dans un article 68 pour destituer un président de la République. Je pense que rajouter du bordel au bordel, ce n'est pas nécessaire aujourd'hui", poursuit le sénateur.

Maigre chance de succès

Pour rappel, l’article 68 de la Constitution de la Ve république prévoit qu’un président de la République peut être destitué "en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat". Pour entamer une telle procédure, il faut d'abord convaincre l'Assemblée nationale et le Sénat de se constituer en "Haute cour" pour l'occasion, en passant par une résolution qui doit être successivement validée par le bureau de l’Assemblée nationale puis adoptée en commission des Lois et dans l’hémicycle à une majorité des deux tiers.

Un parcours similaire doit ensuite être effectué au Sénat. Dans l’éventualité où la Haute Cour serait constituée, elle a alors un mois pour statuer à bulletins secrets sur la destitution, là encore à une majorité des deux tiers. En d'autres termes, les chances de succès de cette procédure sont extrêmement maigre. "Donc je pense que c'est un coup de com, un coup politique avant le 23 août", complète Rémi Cardon. "Ils parlent de coup de pression au président de République mais je pense qu'il dort sur ses deux oreilles."