3:56
  • Copié
, modifié à
Invité d'Europe 1 Matin samedi, Antoine Léaument, député La France insoumise, a appelé à ne pas penser le meurtre de Philippine sous le prisme de l'immigration, dénonçant "le lien systématique" fait par le Rassemblement national entre immigration et délinquance.

Les obsèques de la jeune étudiante Philippine se sont tenues vendredi après-midi à la cathédrale de Versailles, une semaine après un meurtre qui suscite émotion et débat sur le parcours du suspect, condamné pour viol et en instance d'expulsion. 

"Il y a de toute évidence un raté à un moment donné dans le dispositif [...] mais le problème est que certaines personnes mettent sur le même plan la question de son statut migratoire et l'agression. Des agressions sexuelles, des violences physiques, des meurtres, des féminicides, il y en a dans notre pays, plus d'une centaine depuis le début de l'année", a commencé Antoine Léaument, député La France insoumise, invité d'Europe 1 Matin samedi.

"Ce n'est pas la question des OQTF qui va régler le problème"

"La question du statut migratoire ou du statut des papiers de la personne n'est pas le sujet en réalité. Si cette personne avait été renvoyée ailleurs, peut-être qu'elle aurait commis un crime ou un meurtre ailleurs. Alors, on peut se dire qu'il vaut mieux que ça n'arrive pas en France et je comprends que des Français se disent ça mais le sujet qui est en cause, c'est comment on traite la violence, les agressions sexuelles, les attaques physiques dans notre pays et sur ce sujet-là, je suis au regret de dire que ce n'est pas la question des OQTF ou de renvoyer les immigrés dans leur pays qui va régler le problème.

"Le Rassemblement national fait un lien systématique entre immigration et délinquance"

Pour Antoine Léaument, certains politiques, à l'image du Rassemblement national (RN) font un lien systématique, sur ce type de sujet, "entre immigration et délinquance". "Dans certains cas, on va en parler davantage que d'autres parce que le RN va décider de les mettre en avant. Mais le RN ne vous a pas parlé de Vanessa, Dominique, Elise, Marie-Louise, Thérèse, Alexandra, Kalma, Romdhana, Zahia ou Alicia. Dix femmes qui ont été tuées cette année dans notre pays parce que le statut de la personne qui les a tuées n'intéresse pas. Généralement, c'est le mari, c'est l'ex-compagnon, c'est une personne dans la famille, mais ça ne les intéresse pas", a-t-il tranché jugeant que le procès des viols de Mazan illustre parfaitement que "n'importe qui" peut être l'auteur d'agressions sexuelles ou physiques.

Condamné en 2021 pour un viol commis en 2019, Taha O. avait été libéré, "en fin de peine", en juin, selon le parquet de Paris. A sa sortie de prison, l'homme de 22 ans avait été placé en centre de rétention administrative (CRA) à Metz. Son placement a été prolongé à trois reprises, avant qu'un juge des libertés et de la détention (JLD) ne valide sa sortie du CRA.

Le JLD avait motivé sa décision par le fait que "l'intéressé n'a pas sollicité l'asile et ne s'est pas opposé à la mesure d'éloignement" de France. Le suspect n'avait pas non plus adopté de comportement constituant un "trouble à l'ordre public" lors de son séjour en CRA, susceptible d'autoriser une quatrième prolongation. La mesure était assortie d'une obligation de pointer et d'une assignation à résidence dans un hôtel de l'Yonne, où Taha O. ne se rendra jamais. La veille du meurtre, le 19 septembre, il avait été inscrit au fichier des personnes recherchées parce qu'il ne respectait pas son obligation de pointer.