"Nous demandons une opération de mise à l'abri (...) sinon il y aura d'autres morts", a déclaré vendredi Ian Brossat, adjoint au Logement à la mairie de Paris, alors que la noyade accidentelle d'un migrant exacerbe les tensions entre la Ville et l'exécutif. "Bien sûr que ça aurait pu être évité", a dénoncé l'élu PCF sur RMC, interrogé sur la noyade d'un jeune homme survenue dans la nuit de lundi à mardi dans le canal Saint-Martin.
D'après les témoignages recueillis par la police, le jeune homme, probablement âgé de 20 à 25 ans, serait de nationalité afghane. "Fortement alcoolisé", il aurait "par jeu ou par défi" voulu traverser le canal. Dimanche, le corps d'un homme dans un état de décomposition, probablement d'origine somalienne, avancée a été repêché dans le canal Saint-Denis, situé à proximité d'un camp de migrants.
Gérard Collomb défend la mobilisation de l'Etat. "Ça ne peut pas continuer comme ça sinon il y aura d'autres morts", a-t-il prévenu. La maire PS de Paris Anne Hidalgo a également interpellé dans la semaine le gouvernement, appelant à mener "au plus vite" une opération de "mise à l'abri des migrants" des campements du nord de la capitale. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb lui a répondu mercredi en défendant la mobilisation "sans faille" de l'Etat et invitant Anne Hidalgo à faire usage de ses "compétences" et à "entamer les procédures judiciaires" pour permettre à l'Etat de "mener à bien" l'évacuation.
"Un certain nombre de responsables politiques jouent le pourrissement". "C'est une compétence de l'État, personne ne peut nous dire (...) que c'est à nous de faire le job", a fustigé Ian Brossat. "La maire de Paris a écrit au préfet en identifiant six sites qui permettraient de créer des centaines de places d'hébergement, pourquoi l'Etat ne fait rien ?", a-t-il dénoncé. L'adjoint à la maire, a également cité un décompte de France Terre d'Asile "mardi" selon lequel "2.348 réfugiés" vivraient dans ces campements". "Bon nombre de gens dorment à même le sol, n'ont même pas de tente, même pas de matelas", a-t-il fustigé. "Je finis par me dire qu'un certain nombre de responsables politiques jouent le pourrissement. (...) Le rôle de l'Etat c'est pas de compter les morts, c'est de faire en sorte qu'on en finisse avec le chaos", a-t-il pointé.