Le projet de loi visant une "refondation complète de notre politique d'asile et d'immigration" devrait être adopté au "premier semestre 2018", a assuré mardi Emmanuel Macron dans un discours aux préfets.
Vers un modèle allemand ? "Si nous n'agissons pas pour refonder" cette politique, "c'est le consensus républicain autour de notre tradition d'accueil et d'asile qui est remise en cause. Les seuls gagnants sont les extrêmes", a estimé le président de la République, en assurant que le texte aurait pour objectif "que le modèle français se rapproche du modèle allemand. Nous avons des défis communs. Rapprochons nos droits, soyons plus efficaces". Le projet de loi piloté par le ministère de l'Intérieur comportera "plusieurs dispositions pour permettre d'améliorer les retours vers les pays d'origine", comme le font "nos voisins, en particulier l'Allemagne", a-t-il promis.
"Nous reconduisons beaucoup trop peu". De ce point de vue, "un ambassadeur sera nommé dès demain en Conseil des ministres" pour "accélérer la délivrance des laissez-passer consulaires avec les pays récalcitrants" à accepter le retour de leurs ressortissants et "assurer le suivi et le développement d'accords bilatéraux migratoires", a ajouté Emmanuel Macron. "Nous reconduisons beaucoup trop peu", a-t-il martelé, et nous "laissons s'installer des centaines de milliers" de personnes dans un "no man's land administratif". Le député REM du Val d'Oise Aurélien Taché, ancien conseiller d'Emmanuelle Cosse sur les questions migratoires, sera de son côté chargé d'une mission sur la refonte de la politique d'intégration "qui devra privilégier l'apprentissage du français", a-t-il annoncé. "Il n'y a pas d'accueil possible dans la durée sans intégration", a martelé encore le président de la République.
"Réorganisation en profondeur". Réitérant sa promesse de ramener à six mois le délai de traitement des demandes d'asile, il a plaidé pour une "réorganisation en profondeur" du dispositif en demandant aux préfets "d'organiser des déplacements des membres des préfectures, de l'Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration), de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), dans les centres d'hébergement". Reconnaissant que ce serait "un changement profond", il a souligné qu'il s'agissait d'"inverser la logique" actuelle, avec des "adaptations" probables notamment du côté des associations, très attachées à la distinction entre hébergement et vérification de la situation administrative. "Je n'accepterai jamais que, lorsque l'administration vient faire son travail dans un centre d'hébergement, une association puisse empêcher l'administration de le faire", a-t-il averti.
Le cas des mineurs isolés. En ce qui concerne les mineurs isolés étrangers, dont le nombre est passé "de 4.000 en 2012 à 16.000 en 2016", le président a demandé au gouvernement des propositions "d'ici la fin de l'année" pour "revoir complètement la question de l'accueil et l'accompagnement" des ces jeunes, qui n'est "pas satisfaisante" selon lui et représente "une charge croissante" pour les départements.
Emmanuel Macron a aussi estimé que la situation actuelle "plaide pour le maintien des contrôles aux frontières intérieures, en particulier sur la frontière italienne" à l'issue de la sortie de l'état d'urgence le 1er novembre et que le projet de loi de lutte contre le terrorisme "permettra" ce renforcement.