Mohammed ben Salmane et Macron veulent coopérer pour «atténuer les effets» de la guerre

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Emmanuel Macron et Mohammed ben Salmane souhaitent "intensifier la coopération" sur les questions d'énergie. © Arthur Nicholas Orchard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP
Le prince héritier saoudien, reçu ce jeudi soir à l'Élysée, et le président français souhaitent "intensifier la coopération" pour "atténuer les effets en Europe, au Moyen-Orient et dans le monde" de la guerre en Ukraine, dans un contexte de risque de pénurie d'énergie et de hausse du prix du pétrole.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président français Emmanuel Macron souhaitent "intensifier la coopération" pour "atténuer les effets en Europe, au Moyen-Orient et dans le monde" de la guerre en Ukraine, dans un contexte mondial d'envolée des prix de l'énergie, a fait savoir la présidence française. Le prince héritier du royaume, premier exportateur de brut, a été reçu jeudi soir pour un "dîner de travail" à l'Élysée.

Emmanuel Macron et Mohammed ben Salmane ont "souligné la nécessité de trouver une issue au conflit et d'intensifier la coopération pour en atténuer les effets en Europe, au Moyen-Orient et dans le monde", a indiqué vendredi un communiqué de la présidence française. "À cet égard", Emmanuel Macron a souligné "l'importance de poursuivre la coordination engagée avec l'Arabie saoudite dans la perspective de la diversification des approvisionnements énergétiques des États européens".

L'Occident cherche à convaincre l'Arabie Saoudite de leur fournir du pétrole

L'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février a provoqué un affolement des prix de l'énergie. Depuis cette invasion, les pays occidentaux cherchent à convaincre l'Arabie saoudite d'ouvrir les vannes afin de soulager les marchés. La hausse des prix du pétrole alimente notamment l'inflation aux États-Unis, qui a atteint des sommets inégalés en 40 ans, y mettant sous pression le gouvernement avant les élections de mi-mandat cette année. Ryad résiste toutefois aux pressions de ses alliés, invoquant ses engagements vis-à-vis de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), l'alliance pétrolière qu'il codirige avec Moscou.

 

En mai, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faiçal ben Farhan al-Saoud, avait déclaré que le royaume avait fait ce qu'il pouvait pour le marché pétrolier. La semaine dernière, Emmanuel Macron a reçu à Paris le nouveau président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed al-Nahyane. Les deux pays ont signé à cette occasion un "accord de partenariat stratégique global sur la coopération énergétique".

Il s'agissait de la première visite en France de Mohammed ben Salmane, dit MBS, depuis l'assassinat par des agents saoudiens du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Critique du pouvoir saoudien, le journaliste avait été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu'il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage.

Echanges sur le Yémen

Cette visite a scandalisé les défenseurs des droits de l'Homme et la gauche en France, qui ont accusé Emmanuel Macron de sacrifier les droits de l'Homme au "pragmatisme" face à des prix de l'énergie qui explosent. "Je pense que les Français ne comprendraient pas, dans un contexte où l'on sait que la Russie coupe, menace de couper et recoupe l'approvisionnement en gaz qu'on ne discute pas avec les pays qui sont précisément producteurs d'énergie", a justifié la Première ministre Elisabeth Borne, affirmant qu'il ne s'agissait pas de "remettre en cause notre engagement en faveur des droits de l'Homme".

Dans le communiqué de deux pages de l'Élysée à l'issue de la rencontre, le dernier paragraphe mentionne cette question, de manière lapidaire : "dans le cadre du dialogue de confiance entre la France et l'Arabie saoudite, le Président de la République a abordé la question des droits de l'Homme en Arabie". Évoquant la guerre au Yémen avec MBS lors du dîner de travail, Emmanuel Macron a "salué les efforts", selon lui, de l'Arabie saoudite "en faveur d'une solution politique, globale et inclusive sous l'égide des Nations Unies".

Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, est dévasté depuis plus de sept ans par la guerre opposant les Houthis, des rebelles proches de l'Iran, et les forces du gouvernement, appuyées par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite voisine. La guerre a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Une trêve nationale, en vigueur depuis début avril, a donné un peu de répit à une population confrontée à l'une des pires tragédies humanitaires au monde et à une situation de quasi famine.

Emmanuel Macron a fait savoir "son souhait que la trêve soit prolongée", selon le communiqué de l'Élysée.