"Alstom est une entreprise qui va très bien". Sur Europe 1 mercredi matin, Arnaud Montebourg a martelé ce constat et a vivement dénoncé la fermeture annoncée du site de Belfort. Pour l'ancien ministre de l'Economie, si le site du constructeur ferroviaire est aujourd'hui "en danger", c'est parce que "la France coule la France".
Une France désunie sur le plan industriel. "Nous sommes incapables de faire une alliance de toutes les forces productives autour de nos intérêts industriels", a déploré le candidat déclaré à l'élection présidentielle. Dans un courrier adressé lundi au ministre de l'Economie Michel Sapin, le chantre du "made in France" a fait part de sa vision du patriotisme industriel qu'il juge indispensable et pas assez appliqué. "Comment se fait-il que la SNCF ait commandé 44 locomotives à une entreprise allemande qui fabrique en Pologne ?", s'est-il agacé au micro d'Europe 1. Sur le plan industriel, "les Allemands sont unis, les Italiens, tous. Et pas nous".
Un nouveau Florange ? Pour Arnaud Montebourg, "Alstom est la preuve de l'abandon par la classe dirigeante de l'industrie française". S'il souligne la responsabilité des patrons successifs du groupe, l'ancien ministre de l'Economie n'épargne pas non plus le gouvernement. "J'ai appris que M. Poupart-Lafarge, le PDG d'Alstom, avait averti le gouvernement des dangers sur Belfort l'année dernière. On a encore dit 'il n'y a pas de problème, on gardera Belfort'. Est-ce que c'est un Florange qui recommence ?", s'est-il interrogé.
Ne pas laisser faire sans rien dire. Selon le groupe Alstom, la baisse d'activité du fret ferroviaire en France et "le niveau historiquement bas" des commandes de TGV affectent plus durement l'usine de Belfort que ses autres sites de production en France. Ainsi, seulement une vingtaine de locomotives et motrices de TGV sortiront de l'usine franc-comtoise cette année, contre 140 en 2008. Auditionné mardi par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, Henri Poupart-Lafarge, le PDG d'Alstom, a dit ne pas voir "d'issue structurelle" pour le site de Belfort, en raison de cette pénurie de commandes publiques. Mais pour Arnaud Montebourg, "ce n'est pas parce que M. Poupart-Lafarge a decidé de fermer Belfort que nous devrions l'accepter. C'est exactement la position des organisations syndicales, qui ont des solutions".