C'est l'un des scrutins les plus observés de ces élections municipales. Il faut dire que la situation est inédite. Pour la première fois depuis 1995, Jean-Claude Gaudin (LR) ne sera pas en tête à Marseille, où l'édile ne se représente pas. Après lui, une course très ouverte, qui a livré ses premiers résultats dimanche, à l'issue du premier tour. Au terme d'un décompte minutieux et très long tant les scores étaient serrés, la candidate de l'Union de la gauche, Michèle Rubirola (23,4%), a créé la surprise en devançant d'un cheveu sa rivale LR Martine Vassal (22,3%). Derrière, on retrouve Stéphane Ravier du RN avec 19,4%, en-dessous de ses attentes.
"C'est le coronavirus qui sort vainqueur", a affirmé Stéphane Ravier, jugeant dès dimanche "impossible de maintenir" le 2e tour après un scrutin déjà marqué par une abstention massive -- 67,24%, contre 46,47% en 2014. Le dissident LR Bruno Gilles, qui peut se maintenir dans trois secteurs sur huit, sera une des clés du deuxième tour, et il a déjà appelé "à battre" Martine Vassal et le RN, affirmant ne vouloir "ni système ni extrême".
Le scrutin marseillais est rendu particulier par la présence d'arrondissements et de secteurs. Les électeurs votent pour 303 conseillers. Ensuite, au sein de chaque secteur, qui regroupe deux arrondissements, deux-tiers des élus seront des conseillers de secteurs et un tiers des conseillers municipaux. Ce sont les conseillers municipaux, donc 101 personnes, qui élisent le maire de la ville.
"Je remercie les électeurs (...) qui ont porté leurs voix vers le changement que nous représentons, cette clameur d'espoir, le printemps après un trop long hiver, l'espoir de se projeter dans une ville plus juste, plus verte et plus démocratique", a réagi Michèle Rubirola. Médecin généraliste, cette élue écologiste est arrivé en tête dans trois des huit secteurs de la ville, comme les listes LR, qui étaient en tête dans six secteurs sur huit en 2014.
Le RN, mené par le sénateur Stéphane Ravier, et Samia Ghali, la sénatrice ex-PS qui se présentait sans étiquette, ont chacun remporté un secteur, leurs fiefs respectifs, dans les quartiers populaires du nord de la ville.
Martine Vassal obtient 27,2% dans les 6e et 8e arrondissements, où Jean-Claude Gaudin avait toujours été élu dès le premier tour, talonnée à moins de 3 points par sa concurrente du Printemps marseillais dans ce secteur, Olivia Fortin. Avant la publication des résultats complets, Martine Vassal, qui s'était dite en tête dans la ville, avait appelé au rassemblement pour le deuxième tour, pour saisir la chance historique de "battre le Rassemblement national" dans le seul secteur de la ville qu'il avait remporté en 2014, et de "barrer la route à une ultra-gauche synonyme de retour dans le déclin".
Complexe
Il reste toutefois complexe de prédire l'issue du second tour dans une ville où le scrutin est découpé entre huit secteurs, très divers sociologiquement, un système qui peut permettre à un élu qui n'a pas la majorité des voix sur l'ensemble de la ville de devenir maire.
Après le quart de siècle de mandats successifs de Jean-Claude Gaudin, le jeu apparaît donc ouvert à Marseille, si le deuxième tour se tient comme prévu le 22 mars.