François Bayrou veut sensibiliser mardi aux «pathologies» des finances publiques
Mardi, François Bayrou convoque une conférence sur les finances publiques, dont la grande fragilité est exacerbée par les incertitudes liées à l'assaut protectionniste des États-Unis. Objectif : faire un état des lieux de l'endettement et du déficit de la France. Un moyen pour le Premier ministre de revenir sur le devant de la scène.
Sensibiliser les Français aux "pathologies" budgétaires de leur pays : François Bayrou convoque mardi une conférence sur les finances publiques, dont la grande fragilité est exacerbée par les incertitudes liées à l'assaut protectionniste des Etats-Unis.
Un endettement et un déficit parmi les plus élevés en Europe
Cette grand-messe organisée par le Premier ministre réunira notamment les ministres Eric Lombard (Economie) et Amélie de Montchalin (Comptes publics), des parlementaires, des organismes de sécurité sociale ou encore des collectivités locales. "La France traîne des pathologies, (...) ou en tout cas des déséquilibres depuis des décennies. Allez, disons depuis 30 ans", a déclaré François Bayrou en marge d'un déplacement vendredi.
"Ils sont d'autant plus difficiles à traiter que nous sommes entrés en temps de crise. Et nous allons cependant les exposer aux Français pour partager avec eux (...) tous les risques" inhérents à la confection du prochain budget, a-t-il poursuivi. "La vérité est décisive pour qu'on puisse prendre les décisions qui s'imposent", a-t-il insisté.
Cet état des lieux de l'endettement et du déficit de la France, parmi les plus élevés en Europe, ne devrait toutefois pas déboucher sur des annonces concrètes. Après des échanges prévus à huis clos, François Bayrou devrait s'exprimer lors d'une conférence de presse, alors que le gouvernement s'apprête à présenter en conseil des ministres mercredi son plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT).
Ce document, adressé à la Commission européenne, présente la trajectoire budgétaire du pays pour les années à venir.
Vers de nouveaux impôts en 2026 ?
Cette conférence se tiendra au lendemain d'un premier "conseil des entreprises" à Bercy, une nouvelle instance de travail régulière avec les organisations patronales. Eric Lombard a promis d'accompagner les entreprises ébranlées par les droits de douane américains, tout en prévenant: "le temps du quoi qu'il en coûte est terminé". Selon Amélie de Montchalin, l'heure est désormais au "quoi qu'il arrive", illustrant une volonté ferme de tenir le cap budgétaire contre vents et marées.
Le contexte est difficile pour l'économie française, ébranlée comme celles de nombreux autres pays par le conflit commercial déclenché par les Etats-Unis, qui s'ajoute à l'instabilité politique interne.
La prévision de croissance gouvernementale pour 2025 a été rabotée à 0,7%, après 1,1% en 2024. Celle de 2026 devrait suivre le mouvement.
Malgré cette perspective plus morose, le gouvernement entend toujours ramener le déficit public à 5,4% du produit intérieur brut (PIB) cette année, après 5,8% en 2024. Pour éviter un nouveau dérapage après deux sorties de route en 2023 et 2024, il a annoncé mercredi un effort supplémentaire de réduction de la dépense de 5 milliards d'euros.
S'il a exclu de nouveaux impôts cette année, Eric Lombard a estimé que "pour le reste, le sujet est complètement ouvert" concernant 2026, à l'exception de la surtaxe sur les grandes entreprises qui sera abandonnée. Mais "l'essentiel de l'effort" devra provenir d'une réduction des dépenses de l'Etat comme de la sécurité sociale, a-t-il insisté, sans forcément rassurer dans les rangs de la majorité présidentielle, opposée à toute hausse de la fiscalité.
"Ce n'est pas la multiplication d'impôts qui permet à un pays de réussir", a ultérieurement cadré François Bayrou.
Encore moins de croissance ?
Le dirigeant a cité "la nécessité d'une augmentation du taux d'emploi des seniors" dans un communiqué jeudi. Sont également régulièrement évoqués dans le débat, notamment par le patronat, un effort éventuel des retraités, une hausse de la TVA ou le financement de la sécurité sociale.
Malgré les incertitudes géopolitiques, le gouvernement s'était attelé jeudi à rassurer en engageant dans l'innovation les quelque 15 milliards d'euros restants du plan France 2030. A moyen terme, il compte revenir sur le droit chemin budgétaire européen en faisant passer le déficit public sous le plafond de 3% du PIB en 2029, avec un retard notable par rapport aux autres pays de la zone euro.
L'horizon économique pourrait toutefois encore s'assombrir si les incertitudes liées au conflit commercial venaient à s'intensifier, a estimé vendredi le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici. La croissance ressortirait alors "encore peut-être légèrement inférieure".
La Banque de France escompte une progression de 0,7% du PIB cette année et l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) de 0,5%.