La place d'Anne Hidalgo est convoitée. Mounir Mahjoubi, Benjamin Griveaux ou Cédric Villani... Chez LREM, les candidatures à la mairie de Paris se multiplient. Les deux premiers, respectivement secrétaire d'État au Numérique et secrétaire d'État porte-parole du gouvernement, ont quitté leurs fonctions, forçant le gouvernement à procéder à un remaniement pour compenser leurs départs, ainsi que celui de Nathalie Loiseau, secrétaire d'État aux Affaires européennes avant d'être désignée tête de liste LREM pour les élections européennes.
"On peut se poser des questions sur le timing"
Ce dernier scrutin a lieu en mai, et pourtant certains sont déjà fixés sur les municipales qui vont se dérouler dans un an. "On peut se poser des questions sur le timing", reconnaît Jean Garrigues, historien de la vie politique, mais c'est maintenant que tout se joue. "Il faut du temps pour préparer des élections de ce type. Il faut faire campagne très longtemps", explique-t-il au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1.
Avant Mounir Mahjoubi et Benjamin Griveaux, c'est Gérard Collomb qui avait quitté son poste de ministre de l'Intérieur pour se concentrer sur les municipales à Lyon dès le mois d'octobre 2018. "Il est déjà en campagne. (...) Jacques Chirac avait pris son temps aussi" avant d'être élu maire de Paris en 1977.
Et si au sein de la majorité, les candidats à l'investiture pour la mairie de Paris sont aussi nombreux, c'est tout simplement parce que "Paris est prenable", analyse Gaël Sliman, président de l'institut de sondage Odoxa. "Rarement, depuis une quinzaine d’années avant une élection municipale, le jeu n’a semblé aussi ouvert." L'explication est simple : "La maire de Paris ne fait pas l’unanimité, c’est le moins que l’on puisse dire." Gaël Sliman explique notamment que "si l’élection avait lieu dimanche prochain", les sondages indiquent qu'"Anne Hidalgo aurait reculé d’une douzaine ou d’une quinzaine de points par rapport à son score des dernières municipales".
>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici
Paris, "c'est la conquête municipale majeure"
C'est donc le moment de se lancer dans la course, d'autant que "Paris, c’est un symbole majeur, c’est la ville à prendre, c’est la conquête municipale majeure. Jacques Chirac en avait fait le tremplin de son élection à la présidentielle", rappelle Jean Garrigues. Pour la République en marche aussi, "les élections municipales qui se profilent sont un enjeu majeur pour pérenniser l’influence" du parti, assure Jean Garrigues. "Ça aura valu le coup pour Emmanuel Macron d’avoir perdu deux de ses ministres si l’un des deux parvenait à remporter la mairie de Paris dans un contexte des municipales qui ne sera peut-être pas très favorable à En Marche", complète Gaël Sliman.
Surtout, Paris est "la première ville de France, celle qui est la plus importante à gagner, celle qui fait que vos municipales sont réussies ou perdues", précise-t-il. Pour appuyer son propos, il rappelle les analyses faites après les élections municipales en 2001 : "Quand Bertrand Delanoë remporte les municipales à Paris, c’est un raz de marée pour la droite. La gauche est laminée mais tout ce que l’on retient médiatiquement, c’est que la gauche a bien résisté, voire même qu’elle a réussi quelque chose de formidable, parce qu’à l’époque, Paris et Lyon basculent. (...) On avait transformé des élections municipales qui étaient un échec pour la gauche en une victoire." C'est une élection locale, mais à résonance nationale, donc.