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Christophe Bouchet, le maire de Tours, commente mardi sur Europe 1 l’avis du Conseil scientifique concernant un éventuel second tour des élections municipales organisé fin juin. L’élu retient surtout la très grande prudence de l’instance consultative.
INTERVIEW

Y aura-t-il enfin le second tour des élections municipales à la fin du mois de juin ? Le Conseil scientifique, qui a remis son avis au gouvernement, ne s’y oppose pas formellement. Mais il édicte un nombre important de recommandations, dont certaines rendent difficiles la tenue du scrutin, relève Christophe Bouchet, le maire de Tours, invité mardi midi d’Europe 1. "L’avis du Conseil scientifique, c’est un ‘oui, mais’ le ‘mais’ est beaucoup plus gros que le ‘oui’", commente l’élu. Le premier tour des municipales avait eu lieu le 15 mars, avant que le gouvernement ne décrète un confinement pour lutte contre l'épidémie de coronavirus

"Je suis d’avis que c’est pas très sérieux", poursuit celui qui fut président de l’OM entre 2002 et 2004. "Est-ce qu’on peut faire un scrutin aujourd’hui qui va être entaché à vie, pendant les six ans qui viennent, et peut-être bien plus longtemps, de cette confiscation démocratique", continue l'élu, évoquant un "simulacre".

"Il est dit aussi dans le rapport du Conseil scientifique une phrase très importante : les personnes fragiles ne pourront pas tenir les bureaux de vote", remarque encore Christophe Bouchet. "Au mois de mars, et dans toutes les villes de France, qui tient les bureaux de vote ? Ce sont des personnes qui aux trois quarts ont plus de 65 ans, qui sont considérées comme fragiles."

Autre difficulté relevée par Christophe Bouchet : mettre en place l’élection dans un laps de temps si court. "La tenue d’un scrutin, dans une mairie, c’est trois mois de préparation. Là, on va devoir faire plus fort", explique le maire de Tours. "Tous nos agents sont mobilisés pour rouvrir les écoles, pour aller sur des marchés, installer les marchés de façon différente pour qu’on respecte les gestes barrière, donc tous les agents municipaux sont à fond."

Pour Christophe Bouchet, il est donc urgent d’attendre. "Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Le coronavirus nous a tous blessés profondément. On est dans une société qui est décousue. Il faut vraiment la recoudre d’abord. Il faut se projeter plus loin. La vocation des élus c’est ça aussi. C’est de se dire ‘qu’écriront les livres d’histoire ?’", plaide l’édile. "La bonne solution, c’est de fixer une date et de s’y tenir", conclut-il, balayant là l’une des recommandations du Conseil scientifique de refaire une évaluation 15 jours avant le scrutin. Avec à la clé une possible annulation.