Il préfère dialoguer "loin des regards et des caméras". Dans une interview au JDD, dimanche, Nicolas Hulot assume son choix de ne pas se rendre au Salon de l'agriculture. Le ministre de la Transition écologique et solidaire choisit la voie de la presse pour saluer un "alignement des planètes" : "pour la première fois, tout le monde regarde dans la même direction : les producteurs, les distributeurs, les consommateurs, les ONG... Chacun comprend que l'avenir de l'agriculture passe par l'écologie." Et martèle sa volonté de développer le bio, une "lame de fond citoyenne".
"Doubler la surface bio en quatre ans". "Le modèle agricole dominant a rendu des services à la France, je ne l'oublie pas. (...) Mais les paramètres ont changé. Nous entrons dans une deuxième phase : celle de la révolution verte, et elle est passionnante", détaille Nicolas Hulot. "Elle va redonner de la dignité aux agriculteurs et de la sécurité aux consommateurs, et permettre à tous les citoyens d'accéder à une alimentation de qualité." Interrogé sur le plan du gouvernement pour développer l'agriculture bio, le ministre indique qu'il sera "prêt très vite". "L'objectif reste de consacrer au bio 15% de la surface agricole utile en 2022. On va doubler la surface bio en quatre ans."
" Les études montrent que les gens sont prêts à dépenser plus dans un premier temps pour avoir une alimentation plus saine "
"Les coûts vont baisser, donc les prix aussi". Quant au coût parfois dissuasif des produits bio, Nicolas Hulot juge que les filières ont besoin de temps pour se "structurer". "On va changer d’échelle, comme ça a été le cas pour les énergies renouvelables", explique l'ancien militant. "Les études montrent que les gens sont prêts à dépenser plus dans un premier temps pour avoir une alimentation plus saine : il faut le temps de la transition. Ensuite, l’équilibre se rétablira. Dès lors que les agriculteurs utiliseront moins d’intrants et moins d’énergie, et qu’ils seront mieux rémunérés, les coûts vont baisser. Donc les prix aussi."
Un fonds assurantiel pour les producteurs. Pour encourager cette transition, Nicolas Hulot appelle à mieux prendre en compte les "vulnérabilités" des agriculteurs bio. "On pourrait réfléchir à la création d’un fonds assurantiel qui couvrirait certains risques et indemniserait des producteurs en difficulté". Le ministre n'entend pas pourtant "considérer que l'agriculture bio a vocation à être aidée durablement", ce qui reviendrait à "considérer qu'elle ne peut pas être rentable". "Or elle va l’être ! Et d’autant plus si on rémunère mieux tous les services qu’elle rend par ailleurs."
Des "exceptions" possibles à la sortie du glyphosate en trois ans
Le ministre, qui s'est battu l'an dernier pour une sortie du glyphosate en trois ans, s'exprime également sur ce sujet dans le JDD. "On est en train de recenser les alternatives qui existent et de leur donner les moyens de faire leurs preuves. Mais je ne suis pas buté et personne ne doit être enfermé dans une impasse: si dans un secteur particulier ou une zone géographique, certains agriculteurs ne sont pas prêts en trois ans, on envisagera des exceptions", indique-t-il. "Mais si on arrive à se passer du glyphosate à 95%, on aura réussi."