Au lendemain du premier tour des élections régionales qui a vu le Front national s'installer au rang de premier parti de France, le président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy, est revenu lundi soir dans le 20 Heures de France 2 sur sa décision de ne pas cautionner le "barrage" au FN. "Pas de fusion, ni de retrait, pas de combinazione, pas d'arrangement", a tonné l'ancien président de la République, avant d'ajouter une formule aussi imagée qu'inattendue : "Ce n'est pas comme ça que ça se passe, ce n'est pas 'passe-moi la salade, j't'envoie la rhubarbe'".
"Il faut maintenant mettre les points sur les 'i', la seule force politique qui peut faire opposition au FN, c'est les Républicains", a insisté Nicolas Sarkozy, qui a refusé de "remercier" le PS pour ses retraits de liste dans plusieurs régions. "La gauche ne retire pas ses candidats partout", a-t-il relevé, avant d'ajouter : "Je respecte la décision (du PS) mais il n'y a pas d'accord entre nous. Notre choix, c'est de maintenir nos listes".
Le PS renvoyé à son histoire. Le président des Républicains, qui a rappelé que le vote FN n'était ni un vote anti-républicain ("puisque ce parti participe aux élections") ni amoral, a d'abord égratigné le Parti socialiste en effectuant un rappel historique sur les percées historiques du FN, qu'il a liées au pouvoir de gauche : l'arrivée de députés FN à l'Assemblée après l'introduction de la proportionnelle aux législatives par François Mitterrand en 1986, la présence au second tour de Jean-Marie Le Pen à l'élection présidentielle de 2012 à l'issue du passage à Matignon de Lionel Jospin et enfin le score historique du FN, dimanche dernier, après quatre années de mandat Hollande. "Depuis quatre ans, une exaspération monte dans le pays, les gens n'en peuvent plus et se posent la question, pour résumer : 'est-ce que la France va rester la France ?'", a-t-il résumé.
Le FN renvoyé à son programme. L'ancien président de la République ne s'en est pas pris qu'à la gauche. Nicolas Sarkozy a également fustigé, dans un style très offensif, le programme du FN : la retraite à 60 ans, l'augmentation du Smic (deux idées "défendues par Mme Le Pen") ou encore la proposition de supprimer la subvention régionale au planning familial avancée par Marion Maréchal-Le Pen, arrivée en tête en Provence Alpes-Côtes d'Azur. Esquivant les questions autour de la stratégie de la droite - les anciens Premiers ministres Alain Juppé ou François Fillon ont évoqué la nécessité d'un "débat" -, Nicolas Sarkozy a préféré se poser en défenseur des valeurs d'autorité et de fermeté. Il a également agrémenté son intervention de quelques satisfecit personnels, en rappelant qu'il avait initié certains débats - comme l'identité nationale - et commencé à réfléchir à un "projet d'alternance", bâti autour de certains dossiers comme les impôts, l'immigration ou l'espace Schengen.